■ Les prisonniers boches au paradis terrestre
Sisteron, 3 juin - Cela se voit à Sisteron à l'antique citadelle admirablement située, et où sont emprisonnés des officiers boches. Dès que leur arrivée fut prévue, l'administration s'empressa de tendre sur les chambres de gentils papiers aux couleurs claires et gaies, un confortable ameublement suivit, l'éclairage électrique fut soigné et, à futile, vint se joindre l'agréable, par l'organisation de jardins, à rendre jaloux Sémiramie et donnant vue sur les plus splendides décors des Alpes.
C'est là que les officiers boches coulent des jours de paix, dans l'abondance de tables toujours copieusement garnies. Cet hiver, le charbon faillit manquer à Sisteron, mais pas à la citadelle, où 15 000 kilos furent emmagasinés. Le beurre, le lait, les œufs sont réquisitionnés pour ces hôtes de choix: volailles, pâtisseries, poissons rares, tout s'achemine vers ce paradis terrestre qu'est cette aimable prison; le Champagne n'y est pas inconnu, ni la musique.
Voici les premières chaleurs avec juin, et dans les magnifiques jardins, où fauteuils et chaises longues se disséminent sous les arbres et les tonnelles, les Boches prennent des bains de soleil après avoir, bien entendu, déposé leur linge fin, dont ils changent presque journellement.
Ajoutons que le régime de leurs gardiens, de bons pépères territoriaux, est des plus sévères, si bien que ces derniers se demandent si, par hasard, les prisonniers de guerre ne seraient pas eux.
À Sisteron, où ces choses se passent, et où on peut les contrôler, l'indignation est grande car à Sisteron, comme partout en France, on pleure tant de nobles victimes tombées pour la Patrie.
LA CROIX - 7 juin 1917
■ Hommage au héros de Bac-Ninh
Sisteron, 25 mai - Le conseil municipal de Sisteron vient de décider qu'une médaille d'argent serait offerte, au nom de la ville de Sisteron, au jeune Victor Siard, l'intrépide Sisteronnais, qui a, le premier, planté le drapeau français sur la citadelle de Bac-Ninh.
LA CROIX - 31 mai 1884
La Campagne de Bac-Ninh se déroula du 6 mars au 24 mars 1884. Elle se situe au Tonkin, nord du Vietnam. Offensive terrestre française contre l'armée chinoise du Kouang-Si, la citadelle de Bac-Ninh fut prise le 12 et déboucha sur la signature de l'accord de Tientsin en mai et du traité de Hué en juin.
■ Vol sacrilège
Sisteron, 2 janvier - Un vol sacrilège des plus audacieux a douloureusement ému l'honnête population de Sisteron. Le 31 décembre dernier, des malfaiteurs se sont introduits nuitamment dans l'église paroissiale et en ont véritablement fait le sac. Les troncs ont été brisés, les armoires crochetées, les tabernacles facturés, les autels profanés. Des objets sacrés de grande valeur ont disparu.
Plusieurs arrestations ont été faites.
LA CROIX - 6 janvier 1886
■ Sanglante vengeance
Sisteron, 21 mars - M. Peignon, cafetier, rue de Provence, avisait ce matin, vers quatre heures, la gendarmerie qu'il avait entendu un coup de feu et des gémissements provenant de la chambre du nommé Achard Albin, 26 ans, contrôleur des contributions directes à Sisteron. Les représentants de l'autorité s'y rendirent en toute hâte ; ils trouvèrent Achard grièvement blessé par trois balles de revolver à la tête ; il était couché tout ensanglanté dans son lit. Sur le parquet, dans la même chambre, gisait le cadavre de la fille Louise Collombon, de Mison, âgée de 21 ans, servante dans un hôtel de Sisteron. Cette dernière avait la tempe droite trouée par une balle ; à côté du corps de la malheureuse se trouvait un revolver chargé à un coup et ayant quatre douilles vides. Achard devait prochainement se marier avec une demoiselle d'une famille honorable de Sisteron. On supposé que les trois blessures reçues par Achard ont été faites par cette fille, qui a profité du sommeil de son ami pour se venger de son prochain abandon. Le croyant mort, elle s'est fait justice elle-même. Le blessé et le cadavre de la jeune fille ont été transportés à l'hospice. Le docteur Thirieux et le chirurgien Delmas venus de Digne ont, à l'heure actuelle, déclaré que l'extraction des projectiles serait impossible à faire. L'état d'Acliard est très grave.
L'ACTION FRANÇAISE - 24 mars 1908
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !