⌘ Décès Jean-Marie Gadal
Jean-Marie Gadal, soldat breton natif de Saint-Coulitz, commune de Cornouailles dans le Finistère, meurt dans les environs immédiats du Fort de Vaux, à Douaumont ; nous étions le 2 novembre 1916, jour de la reprise de ce fort au destin sanglant. Âgé de 34 ans, 8 mois et 14 jours, il laisse une jeune femme, gravide, qui accouchera un mois plus tard, presque jour pour jour, d'une petite fille, Marie-Louise. Sa femme, Marie Bouer, ne se remariera pas et cet enfant, né le 8 décembre 1916, restera seul et unique enfant.
La vie de soldat aux Armées de Yann-Vari Gadal est faite de tumultes, de peurs, de courage, de fatigues et de souffrances multiples. Découvrons les deux derniers jours de son existence à travers le journal du 118°.
◎ Les deux derniers jours
- 1° novembre 1916
Violent bombardement à partir de 8 heures ; il augmente d'intensité pour atteindre son maximim vers 17 heures. Il s'étend de Douaumont à Damloup. Les bataillons en 1° ligne ont de grosses pertes ; beaucoup d'hommes, de matériel, mitrailleuses et fusils-mitrailleurs sont ensevelis. Le PC Carrière est démoli, 6 agents de liaison tués. Le commandant Boutz est autorisé par la 63° DI à transférer son PC à la Batterie 3090, près de celui du Commandant Lesbos du 19° RI.
Les travaux, complètement bouleversés, ne sont repris qu'au cours de la nuit, lorsque l'intensité du bombardement diminue.
Pertes du 1° novembre: Tués ⤇ 1 Officier, sous-lieutenant Viaud - Troupe: 28 hommes - Blessés: 60 hommes de troupe - Évacués: 11 hommes de troupe - Disparus: 68 hommes de troupe - 2 novembre 1916
Occupation du Fort de Vaux - Bombardement moins intense que la veille. Sur ordre de la Division, le capitaine de Neuville est envoyé à la Batterie 4691 pour rechercher des canons qui doivent s'y trouver. Il découvre simplement 2 canons Rimaillon hors d'usage et tournés contre nous.
Vers 15 heures, un message de la Brigade nous prévient que les Boches ont annoncé par radio l'évacuation du Fort de Vaux. Pour vérifier l'exactitude du fait, la Compagnie Fouache (3° Cie) est désignée pour l'exécuter.
À 21h35, arrive au PC du Colonel Vaux-Régnier, commandant la 63°DI, d'envoyer la Compagnie Fouache (3° Cie) accompagné de 40 grenadiers du 290°, commandés par le Lieutenant Diot et un détachement du Génie munis d'explosifs en reconnaissance sur le Fort de Vaux et la compagnie Parade du 19°RI sur les abris 144 et 4590.
À 23h30, les unités désignées sont en position sauf le détachement du 298° et du Génie qui n'arrivent au PC 4090 qu'à 00h30 le 3 novembre. L'ordre d'attaque est donné pour 1 heure.
2 patrouilles du 118° sont envoyées: Adjudant Lelay, direction Corne Ouest du fort, et Sergent Cheylan, direction sud du fort. Elles arrivent sans incident dans les fossés du fort. Sur les renseignements reçus de ces patrouilles, la 3° Cie se porte en avant sur le Fort de Vaux. Le sergent Cheylan trouve, à droite de la porte d'entrée, à la gorge du fort, un éboulement qui permet au capitaine Fouache, au Lieutenant Mathelier et à une dizaine d'hommes du 118° d'escalader le fort. Ils parcourent la superstructure, notamment vers la tourelle de 75 sans trouver d'issue. En revenant près de l'éboulement qui avait permis l'escalade, le capitaine Fouache tombe du haut du fort dans le fossé et se contusionne gravement. Le Lieutenant Mathelier, continuant les recherches, trouve près de la porte de la gorge, un trou bouché par des sacs de sable. Il est ouvert à coups de pioche et le détachement du 118° pénètre dans le fort par ce trou. Le détachement du 298° y pénètre également. Le lieutenant Mathelier, continuant sa progression, pousse sa compagnie à l'extérieur, dans le fossé Nord-Est du fort. Il envoie des patrouilles en avant du fort et assure toute la journée sa surveillance.
Vers 3 heures, l'avis de l'occupation du fort parvient à Vaux-Régnier, au PC du Colonel et, en vue de remplacer la Cie Fouache dans ses tranchées en arrière du fort, la compagnie Perret reçoit l'ordre d'occuper l'emplacement antérieur de la compagnie Fouache. Concurremment, la 2° Cie et des fractions de la 10° Cie, viennent sur le secteur pour travailler au boyau Delmont.
Pertes du 2° novembre: Tués ⤇ 20 - Blessés: le capitaine Fouache et les lieutenants Le Bonin, Davin, Bouvier, Duthier ; Troupe: 41 ; Évacués: 4 ; le lieutenant Le Hénal est évacué.
Jean-Marie Gadal: La terrible lettre arriva...