■ Deux chefs nègres à la cour de Berlin
Les chefs nègres amenés d'Afrique par le docteur Flégal ont assisté au bal de la cour à Berlin. On peut se rendre compte, d'après l'extrait suivant de la Gazette Nationale, de l'effet gue leur apparition a produit parmi les invités.
Les deux chefs nègres sont de superbes gaillards drapés dans de longs burnous à carreaux blancs et bleus; leur tête expressive est couverte d'un formidable turban. Jusqu'au moment de leur présentation à l'empereur Guillaume, les deux nègres se tenaient dans un salon voisin de la grande salle des fêtes. Ils étaient là, immobiles comme des statues; leurs silhouettes se dessinaient fantastiquement sur les tentures rouges de l'ameublement. Un conseiller vient les prendre pour les présenter à l'empereur. En ce moment, un groupe d'artistes et de savants formaient cercle autour du souverain, qui était en conversation avec le duc de Ratibor.
À l'apparition des deux nègres, il se fait une trouée dans la masse des invités, et les chefs de tribu s'avancent gravement au milieu de la foule stupéfaite.
Voilà qu'un introducteur prononce le mot:
- L'empereur !
Et les deux noirs tombent aux pieds du monarque, touchant du front et des lèvres le parquet de la salle. Cette façon de rendre hommage au souverain parait être dans les usages de leur pays. L'empereur étend amicalement la main pour les engager à se redresser. Ils saisissent les mains et les couvrent de baisers répétés. Quelques instants après, ils redeviennent de nouveau des statues immobiles et grandioses. L'empereur paraissait lui-même ému de cette apparition soudaine; il se tourna vers les artistes et dit à Paul Meyerheimi et Ludwig Pieisch:
- Voilà quelque chose pour, vous, Messieurs. Quel beau sujet à peindre...
Puis d'autres invités s'approchèrent de l'empereur, et les chefs africains ne sortirent plus de leur placidité.
Une seule fois leurs traits s'éclairèrent d'un fugitif sourire. C'est lorsqu'un groupe de membres de l'ambassade chinoise, dans leur costume national, le nez surmonté d'érnormes lunettes, s'approcha d'eux.
LA CROIX - 18 février 1885
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
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