Depuis la nuit des temps, le territoire de Chaudun était occupé de manière ponctuelle, certainement des bergers pendant l'estive. Désireux de rentabiliser durablement ses propriétés, le Chapitre de Gap, propriétaire des terres de Chaudun, les propose en albergement. Les colons, par contrat, auront usage total et libre du territoire alloué ; les deux parties signataires du contrat d'albergement y trouvent leur avantage: le suzerain, ici le chapitre de Gap, rentabilise ces sols peu rentables ; les colons ont usage libre de terres moyennant charges et impôts peu élevés. Douze chefs de famille répondent à cette offre.
Ainsi naquit en ce jour du 20 mai de l'année 1593, un habitat perpétuel dans les montagnes de Chaudun, rude aventure qui se terminera en 1895 avec la vente totale des terres de Chaudun à l'État.
Le chapitre, celui de Gap comme les autres, est chargé de l'élection de l'évêque. À l'époque, il suivait ses intérêts propres, parfois fort différents de ceux de l'évêché. Le blason du chapitre de Gap est gravé au-dessus d'une des portes latérale de la cathédrale Saint-Arey.
En cette année 1593, le chapitre de Gap fait face à de nombreuses difficultés financières. Si son implantation locale, couvrant le sud Champsaur, les vallées du Petit-Büech avec Rabou et Chaudun, et la vallée de la Luye lui rapporte quelques subsides. Dépassé ces limites, l'autorité du chapitre est inexistante et ne couvre pas tout le diocèse. Sur ce territoire limité, le chapitre est propriétaire de multiples petits biens, plus ou moins rentables ; il en touche cens, dîmes et taxes, ainsi que quelques prébendes dont celles de Saint-Laurent-du-Cros et Rabou sont les plus rentables.
Dans ce contexte économique difficile, la mise en cultures et pâtures des montagnes de Chaudun sont une source de revenus supplémentaires pour ce chapitre dont le nombre de clercs séculiers varie entre huit et dix-huit pour ce XVI° siècle. Dépassé les limites de son autorité, nous arrivons en zones de conflits de bornages, comme avec les seigneurs de Tallard ou de Laye, sans oublier celui de la Roche-des-Arnauds.
Nous avons retrouvé trace de quelques biens ayant appartenu au chapitre de Gap. Pour l'année 1330, ces biens étaient nombreux dans la ville de Gap et proximité immédiate. En plus de Saint-Laurent-du-Cros et Rabou, nous trouvions aussi des biens à Treschâtel, Pelleautier, Savournon, La Motte-en-Champsaur, Esparron, Jarjayes, Romette, Les Infournas, Vitrolles des Hautes-Alpes, Veynes et Châteauvieux. Le chapitre était en conflit avec le seigneur de Saint-Bonnet, de Tallard et de Laye.
Le nom des signataires de ce contrat d'albergement perpétuel sont parvenus jusqu'à nous. Il s'agissait de François Bernard-Quiellet, fils de Pierre ; de Claude Chaix fils de feu Étienne, forestiers de Charance ; Jehan Garcin, fils de feu Jehan ; Claude Jaussaud, fils de feu Anthème ; Pierre Magalon, fils de feu Gabriel ; Noël Villar, fils de feu Jehan ; Claude Brunet, fils de feu François, forestiers des Brunets en terroir gapençais ; Gaspard Stachy, fils de feu Pierre, venant de Rabou ; Martin Vallois, venant de Charance ; Esprit Blanchard, venant de Saint-Julien-en-Champsaur et habitant à Gap. S'engageant dans ce contrat, ils engagent leurs familles et l'on voit 3 originaires de Charance et 7 venant des Brunets, qui sont quartiers de Gap, 1 vient de Rabou et 1 de St-Julien-en-Champsaur ; soit douze personnes.
Lors de la vente de la commune 300 ans plus tard, en 1895, des descendants de la famille Chaix et Villar vivent toujours à Chaudun.
< Chaudun: le contrat du 20 mai 1593 >