Le 28 octobre 1888, peu après la promulgation de la loi sur la Restauration des terrains de Montagne, les habitants de Chaudun, usés par leur misère, et sans aucun avenir, adressèrent une supplique au Ministre de l'Agriculture, alors Jules Viette, le priant de déclarer les terrains de leur commune d'utilité publique pour les faire acquérir par l'État et au bénéfice de l'administration des Eaux et Forêts ; administration chargée du reboisement et restauration des terres érodées.
Après plusieurs demandes, M. P. Demontzey, vérificateur des reboisements, visita les terrains offerts en 1891, et décida de donner suite positive aux propositions des Chaudunois. Ayant écho de cet accord, de nombreux habitants abandonnèrent leurs travaux agricoles pour chercher à émigrer. La signature définitive fit long feu: aucune loi ne prévoyait la disparition d'une commune. Ce cas bureaucratique, et formalisme administratif faisant, imposa aux chaudunois d'attendre encore quelques années cette libération leur permettant d'espérer une vie meilleure sous d'autres cieux.
Loin de l'environnement originel, Chaudun était devenu si raide, si érodé, si infertile, que la population n'arrivait plus à en tirer subsistance et vivait dans une misère extrême, grattant et se fatiguant à travailler un sol épuisé, ou faisant pâturer des troupeaux faméliques sur ses montagnes déboisées.
Chaudun en 1890 ?
Un froid sibérien l'hiver ; un sahara desséché l'été...
Le toponyme Chaudun est attesté dès l'an 1188 dans le cartulaire de Durbon où nous le retrouvons sous la forme latine Caudunum, puis sous la forme Chaudunum en l'an 1198 puis 1292, et toujours dans le même cartulaire. Le chapitre de Gap, en l'an 1330 et 1506, nous fait découvrir encore cette forme latinisée. Ce toponyme d'origine celtique se décompose en deux syllabes.
La première syllabe est une racine celtique Kaw- ou Kao-, Caio- qui exprime l'idée de palissade, enclos, rempart, clôture. Nous retrouvons l'utilisation de cette racine dans de multiples toponymes dont celui de Caudan, en Bretagne, qui a signification identique.
Le suffixe -dun, que nous retrouvons très régulièrement dans l'aire de peuplement celtique, esprime l'idée de forteresse, de renforcement défensif, plutôt situé sur une hauteur ; ce mot Dun ne présageant pas de l'importance ou taille de cette zone fortifiée. Dun, latinisé en dunum, est présent dans de multiples toponymes bretons, gallois, corniques ou gaéliques sous sa forme dun ou la forme din, comme avec Dinan en Bretagne
Chaudun n'était que zone d'estive avant de connaître un habitat permanent mais très tardif - comme il est écrit dans la page suivante, il est probable que les premiers utilisateurs de ces prairies aient construit des enclos renforcés, puissants, en pierre ou bois, pérennes, pour la protection de leur bétail. Des fouilles archéologiques pourraient peut-être retrouver trace de ces enclos.
⤇ Mort de l'abbé Pellegrin
Chaudun, 18 février - M. l'abbé Pellegrin, âgé de 26 ans, curé de Chaudun, canton de Gap, Hautes-Alpes, allait, avant-hier soir, faire visite à son collègue du village de la Fare, situé à cinq kilomètres de sa résidence. Pour abréger sa route, le jeune abbé voulut traverser le col du Mouttet, dont l'altitude est de 2.083 mètres et qui est recouvert en ce moment de près d'un mètre de neige.
Il avait franchi le col et se trouvait sur le versant opposé, à deux kilomètres de sa destination, lorsqu'il fit une chute et glissa sur la neige gelée avec une telle rapidité qu'il ne put se cramponner à rien.
L'infortuné prêtre alla rouler dans un précipice de plus de 500 mètres de profondeur.
LA CROIX - 21 février 1890
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