■ Fin de calomnies
Cerdon, 17 janvier - Il était facile de déduire des circonstances qui entouraient l'arrestation de M. l'abbé Guyot, vicaire de Cerdon, département de l'Ain, que ce prêtre était victime d'un complot et de la plus abominable calomnie, et nous avions dès les premiers jours dénoncé cette odieuse manœuvre.
Les calomniateurs ont échoué une fois de plus dans leur criminelle tentative.
Après quinze jours de prévention, M. l'abbé Guyot a été mis samedi en liberté à la suite d'un interrogatoire des prétendues victimes qui a mis à néant l'odieuse accusation.
Les malheureux enfants n'ont pu soutenir jusqu'au bout le rôle que des misérables leur faisaient jouer. Ils se sont contredits puis ont refusé de parler. L'un d'eux, le plus affirmatif jusqu'ici, a déclaré avoir menti, et la mère a confirmé qu'on avait tenu son enfant trois heures durant pour lui apprendre son rôle.
À sa sortie de prison, M. l'abbé Guyot a été reçu au Grand Séminaire où les marques de la plus vive sympathie lui ont été prodiguées.
Et maintenant il va falloir démasquer les calomniateurs ; on s'y emploie. La presse sectaire de la région et de Paris qui s'est acharnée contre le calomnié aura aussi à répondre de ses diffamations.
C'est au tour du calomnié de demander justice.
Puisque nous parlons des haineuses excitations de la presse sectaire s'acharnant sur le prêtre innocent sous le masque de justiciers, il convient de rappeler que ces journaux n'ont pas toujours été aussi empressés à venger la vertu outragée même et surtout lorsque les faits étaient indéniables.
Le Nouvelliste écrit à ce sujet:
- N'y a-t-il pas eu dernièrement une sale affaire au collège même de cette ville, à Nantua ?
Le Conseil académique n'a-t-il pas dû prononcer contre un répétiteur de ce collège l'interdiction d'enseigner ?
Ce répétiteur n'avait-il pas été condamné préalablement à trois mois de prison pour outrage aux mœurs ?
Pourquoi les journaux maçonniques ont-ils fait le silence autour de cette affaire, et ne peut-on pas voir dans l'ardeur qu ils déploient aujourd'hui contre un prêtre innocent, une vengeance ou un calcul odieux ?
S'ils veulent à tout prix un scandale, on peut leur servir encore celui de Nantua, entouré de détails qui feraient pâlir les calomnies qu'ils inventent contre le vicaire de Cerdon.
À moins qu'ils ne se décident eux-mêmes à révéler au public cette ignominieuse affaire avec les dépositions et les considérants judiciaires qui en ont été la conclusion. Si leur clientèle est avide de saletés, ils ont la une bonne occasion de satisfaire sa malsaine curiosité.
LA CROIX - 19 janvier 1904
■ Après la diffamation
Cerdon, 20 janvier - Nous avons dit avec quelle outrance dans l'injure, avec quel acharnement dans la mauvaise foi et le mensonge, la presse sectaire de Lyon, et après elle celle de Paris, avaient poursuivi le vicaire de Cerdon, Ain, odieusement et calomnieusement accusé.
Aujourd'hui où l'innocence de ce prêtre a triomphé des injures et des calomnies, et que sa mise en liberté s'est imposée aux magistrats chargés de l'enquête, nous devons constater, à la honte des journaux calomniateurs, et pour que la perfidie de leur mauvaise foi apparaisse aux plus prévenus, que non seulement ces journaux ne rectifient rien, mais qu'ils passent même sous silence la mise en liberté de la victime.
Ils attendent sans doute qu'il leur soit demandé compte de leurs diffamations ; il serait contraire à une bonne justice de les faire attendre trop longtemps.
Un journal de Paris, craignant sans doute de se voir reprocher son silence, annonce bien la mise en liberté, mais sous une forme qui laisse croire que les faits incriminés subsistent.
C'est pire que le silence.
LA CROIX - 21 janvier 1904
■ Toujours pareil
Cerdon, 30 mai - Suivant leurs procédés habituels, les journaux sectaires se sont bien gardés d'annoncer l'acquittement de M. l'abbé Guyot, vicaire de Cerdon.
Après avoir traîné ce prêtre dans la boue, après l'avoir injurié, diffamé, calomnié, ils ont fait silence sur son procès.
M. l'abbé Guyot a attendu un mois que ces journaux lui donnassent spontanément la réparation d'honneur à laquelle il avait droit. En présence de l'attitude de ces singuliers journalistes, il a dû recourir à la loi pour obtenir l'insertion du jugement d'acquittement.
LA CROIX - 2 juin 1904
L'abbé Guyot fut totalement blanchi dans cette affaire qui avait été montée de toutes pièces.
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !