Brest

Brest vers 1800

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 Brest: Ce jour-là, Brest s'habilla de gris...

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■ Brest vers 1800



Brest

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  • FrançaisBrest
  • Population140 064
    GentiléBrestois
  • Superficie49,51 km²
  • Densité2829 /km²
  • Latitude48° 23 '29" N°
    Longitude4° 29 '6" W°
  • Latitude48.391313°
    Longitude-4.485093°
  • Brest63 pages


Rue Bric et Brac

⌘ Brest vers 1800

Brest est une grande et forte ville maritime. Chef-lieu de sous-préfecture et de trois cantons, elle est aussi préfecture maritime et place de guerre de première classe. Elle possède une école de navigation de deuxième classe, une école spéciale du génie maritime, des consulats étrangers, un tribunal de première instance et de commerce, une école de médecine, de chirurgie et de pharmacie, une société d'agriculture et une école de maistrance. Sa population s'élève à 29,860 habitants. Établissement de la marée du port, 3 heures 33 minutes et demie.

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Brest: Le pont bascule et le port militaire

Quelques écrivains ont cru que Brest était le Drivâtes des anciens, ou le Gesocribates des Romains; mais aucun vestige du séjour ou du passage des Romains à Brest, aucun titre, aucune autorité ne peut justifier cette prétention. Quelques auteurs prétendent, sans pouvoir, alléguer aucune preuve, que ce fut Conan-Mériadec qui bâtit le château de Brest. L'historien Le Baud dit, avec aussi peu de fondement, que Brest était l'ancienne cité d'Ocrismor; ce qui est démenti par toutes les légendes, par tous les documents historiques authentiques. La vérité est que l'histoire ne fait aucune mention bien constatée de Brest avant l'an 1240 ; des légendes fort anciennes ne permettent cependant pas de douter qu'il n'y eût un château fort en ce lieu, à une époque bien antérieure.

L'excellence de la rade et l'utilité du port de Brest excitèrent l'envie des Normands, des Anglais et des Espagnols, qui s'efforcèrent, à diverses reprises, de se rendre maîtres du château.

En 1240, Hervé, vicomte de Léon, céda la forteresse de Brest à Jean I°, duc de Bretagne. En 1341, Charles de Blois mit le siège devant cette place, qui avait pour gouverneur Garnier de Clisson; après un premier assaut infructueux, Clisson fait une sortie, à la tète de quarante hommes, et tue plusieurs ennemis. Montfort accourt, et repousse Clisson jusqu'à la porte du Château de Brest, dont, par mégarde, les assiégés avaient baissé la herse. Leur brave commandant soutint seul le combat, adossé à la porte, et fit des prodiges de valeur. Ses gens s'aperçurent bientôt du danger où il se trouvait. Ils relevèrent la herse pour le faire rentrer dans la place; mais Clisson avait été tellement criblé de blessures qu'il en mourut le surlendemain. Ce funeste événement jeta la consternation dans le château qui se rendit à Montfort.

En 1372, Jean IV°, duc de Bretagne, abandonna aux Anglais la ville et le château de Brest, à la charge par eux de les défendre et conserver pendant la guerre, et de les lui rendre à la paix. L'année suivante, du Guesclin et Olivier de Clisson tentèrent inutilement de reprendre cette place, qui toutefois fut remise en la possession du duc de Bretagne, en 1376, après la mort d'Edouard III°, roi d'Angleterre.

La guerre ayant éclaté de nouveau entre la France et la Bretagne, Jean IV° confia derechef la défense de Brest à une garnison anglaise, qui y entra le 15 juin 1378, et qui refusa de rendre cette ville lorsque la paix fut conclue entre le roi de France et le duc de Bretagne. Les Français, unis aux Bretons, l'assiégèrent sans succès en 1382 et en 1386. Toutefois, en 1397, le roi Richard II° consentit à la restituer au duc de Bretagne, moyennant une forte rançon. Dans le siècle suivant, les Anglais essayèrent souvent de reprendre cette ville. En 1489, les Français, sous la conduite du vicomte de Rohan, s'en emparèrent. Trois ans après, la paix fut conclue entre la France et la Bretagne, et, par le mariage de Charles VIII et d'Anne de Bretagne, Brest demeura à la France.

Pendant la Ligue, cette ville prit parti pour Henri IV°, et lui demeura fidèle; ce fut alors contre les Espagnols qu'elle eut à se défendre. En 1596, Don Juan d'Aquila effectua un débarquement près de la ville, et construisit un fort sur la presqu'île de Quelern, où les Espagnols furent bientôt assiégés eux-mêmes; ils résistèrent à plusieurs attaques, mais un dernier assaut emporta leurs retranchements, et ils y furent presque tous massacrés. En 1597, l'Espagne, résolue à venger cet échec, arma une flottille considérable qui arriva devant Brest, où elle fut atteinte par une tempête affreuse; une partie des vaisseaux coula à fond; les autres furent brisés sur les écueils qui hérissent les côtes voisines. Un siècle s'écoula sans nouvelles agressions.

En 1694, une flotte anglaise de trente-cinq vaisseaux, portant 10,000 soldats, arriva devant Brest, et débarqua des troupes dans l'anse de Pouldu; mais la garnison, les paysans des environs et leurs femmes même, attaquèrent les ennemis et les mirent en déroute. Pendant le combat, la marée ayant laissé les chaloupes à sec, les Anglais ne purent se rembarquer; ils furent tous tués ou faits prisonniers.

Jusqu'en 1630, la ville de Brest reçut peu d'accroissement; elle était petite, ne possédait aucun établissement maritime, et n'avait d'autre édifice religieux que la vieille église du château. Elle commença à s'agrandir, et le faubourg de Recouvrance fut fondé vers 1670. En 1680, le maréchal de Vauban fit construire une enceinte de fortifications; Recouvrance fut alors joint à la ville qui continua de s'accroître.

En 1773, la première enceinte ne suffisant plus, une seconde fut construite, et la ville atteignit bientôt la population et l'importance dont elle jouit aujourd'hui.

La ville de Brest est située sur le bord septentrional d'une superbe rade, formée par l'Océan, à peu de distance de l'embouchure de la rivière de l'Élorn et sur les deux rives de celle de Penfeld, qui divise la ville en deux parties, l'une à droite, connue sous le nom de Recouvrance, et l'autre sur la rive gauche, plus spécialement désignée sous le nom de Brest. Cette ville s'élève au pied et sur le penchant d'un coteau très escarpé; elle a environ une lieue de circonférence, et se divise naturellement en haute et basse ville. La ville haute se régularise et s'embellit, autant que le permettent ses rues montueuses; elle est régulièrement percée et offre plusieurs beaux édifices ; mais les quartiers supérieurs sont si escarpés que quelques-uns ne communiquent que par des escaliers avec la ville basse, dont plusieurs maisons ont le cinquième étage au niveau des jardins. La ville basse est belle et propre dans la partie qui avoisine le port, mais plusieurs quartiers sont mal bâtis, tristes et malpropres. Le quartier de Recouvrance est composé de quelques belles rues et d'un plus grand nombre de fort laides, formées de maisons dont le style et l'aspect contrastent avec le quartier de Brest. La ville est ceinte de remparts garnis d'arbres qui forment des promenades agréables; la vue y est en général très bornée du côté des terres, mais elle est superbe du côté de la rade.

La rade de Brest est regardée comme une des plus belles du monde. Constantinople et Rio-Janeiro en offrent, il est vrai, de plus spacieuses, mais il n'en est aucune de plus sûre, tant sous le rapport de la bonté des mouillages que sous celui de l'excellence des abris. Exactement close dans toutes ses parties, une seule issue, dite le Goulet, sert de passage, et le peu de largeur de cette passe, divisée par les rochers, les formidables fortifications dont la côte est hérissée, interdisent l'entrée aux forces ennemies, et rendent Brest presque inexpugnable du côté de la mer.

Depuis cette entrée, jusqu'à l'embouchure de la rivière de l'Élorn, le diamètre est d'environ deux lieues et demie; la largeur varie en raison des divers golfes qu'elle contient et de l'inégalité de sa forme. De Brest à la côte de Lanvéoc, on compte trois lieues. Cette rade, qui-peut être considérée comme un ensemble de plusieurs rades, présente, y compris ses anses et ses baies, une surface de près de quinze lieues carrées de superficie, dont plus du tiers offre des abris et des mouillages excellents, tels que la baie de Roscanvel, celle du Fret, et cette superbe embouchure de la rivière du Faou, qui s'ouvre entre l'île Ronde et le fort de Lanvéoc, et s'étend jusqu'à une lieue et demie dans la rivière, au promontoire du Bendi, surface équivalente à deux mille toises en carré, dans laquelle on trouve huit à quinze brasses d'eau, fond de vase bien net, ou de madrépores.

Le port de Brest est assez grand pour contenir plus de cinquante vaisseaux, frégates et autres bâtiments de guerre, tous à flot et garantis des vents par les hauteurs environnantes. Des batteries formidables en défendent toutes les parties. A gauche de l'entrée, on trouve d'abord une batterie à fleur d'eau, nommée Fer à cheval, qui sert d'avant-garde. Elle est parfaitement armée: on y remarque des fours à rougir les boulets et un parc considérable de boulets rainés. Ce poste, bien fortifié, est couronné d'un beau rempart, auquel on gravit par une rampe, et qui est armé de vingt-quatre pièces de 48 en bronze. Derrière cette belle fortification, et tout à fait sur la sommité du roc, se trouvent les batteries du polygone et de très-beaux magasins d'artillerie, ainsi qu'un magasin à poudre qui fournit aux approvisionnements des escadres, et qui sert de dépôt pour les poudres des bâtiments armés qui entrent dans le port. Au-dessus de cette montagne règne un superbe quai, en amphithéâtre, bordé de magnifiques édifices. Si l'on parcourt ce quai, à partir de la batterie du Fer à cheval, on rencontre un parc à boulets, ensuite le parc aux vivres, qui contient d'immenses magasins servant d'ateliers de salaisons, des magasins de comestibles renfermant tous les vivres propres aux approvisionnements des flottes, etc.

Là, sont aussi d'énormes tas de fagots pour le chauffage des fours, et de bois de corde pour l'approvisionnement des cuisines des bords. Après les ateliers de salaisons, on rencontre un superbe magasin, actuellement en construction , et dont l'emplacement a été miné dans le roc, ainsi que ceux de tous les édifices du port. Enfin le parc aux vivres se termine par les boulangeries, d'une belle construction et à l'épreuve du feu, dont tous les élages sont parfaitement voûtés. Ces édifices contiennent vingt-quatre fours, des bruleries, des salles à grains, enfin tout ce qui est nécessaire à une grande manutention. Sur le quai s'élève une fontaine, qui distribue dans l'intérieur de l'eau à chaque four par un robinet privatif.

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Brest: L'ancien Recouvrance

Une fort belle, grille ferme le parc sur le quai de la ville , et clôt ainsi de ce côté ce superbe vestibule du port, barré, dans toute sa largeur, par la chaîne, assemblage de radeaux et de chaînes énormes en fer, qui ne laisse qu'une petite passe, fermée et soigneusement gardée la huit.

A droite de l'entrée, et vis-à-vis le Fer à cheval et le parc aux vivres, domine majestueusement le château de Brest, avec ses tours et ses remparts élevés, aussi remarquable par sa force et sa situation que par les souvenirs historiques qui s'y rattachent. Cette forteresse, célèbre dans les fastes de la Bretagne, et dont les Français, les Américains, les Anglais se sont disputés la possession pendant tant d'années, est bâtie sur un rocher fort escarpé. Sa forme actuelle est celle d'un trapèze. Cinq tours énormes, liées par des courtines et par un chemin de ronde, sont couronnées de plates-formes d'une très grande solidité, sur lesquelles des embrasures et des parapets sont destinés à recevoir des pièces de canon de gros calibre. Cependant l'extrême hauteur de ces tours fait présumer facilement que ces batteries aériennes ne pourraient être pointées à un angle assez aigu pour servir à la défense du port. Les batteries du pied de la citadelle, celle particulièrement dite batterie couverte, sont autrement efficaces. Les trois tours qui regardent la rade ont chacune un nom particulier. Celle du milieu porte le nom de César, quoiqu'il soit bien démontré que ce conquérant ne vint jamais à Brest; son aspect seul atteste son ancienne origine, et des vestiges encore existants prouvent qu'elle fut construite avant l'invention de la poudre. Cette tour offre un très vaste local, des caves souterraines et parfaitement voûtées; elle est couverte d'une très-belle et très solide plateforme. À gauche de la tour de César, vis-à-vis la chaîne, est celle appelée de Brest; elle forme un massif de la plus grande beauté, revêtue de pierres de taille liées entre elles avec un art remarquable. A droite et du côté de la rade, est la tour des Français, également couronnée d'une plaie-forme et d'une batterie dont les feux se croisent avec ceux de la batterie royale.

Au pied de cette tour, et en longeant la courtine qui la sépare de la tour de la Madelaine et du front des ouvrages donnant sur la ville de Brest, se trouve la grève de Postrein, où l'on remarque un chantier de construction de navires de commerce et quelques fours à chaux. La tour de Brest est liée par une courtine d'une hauteur extraordinaire à une autre tour beaucoup plus élevée encore, qui termine le grand côté du trapèze sur le front de la ville. Les murailles sont d'une très belle construction; les arêtes des angles, les cordons surtout sont fort bien confectionnés, et ont été mis dans l'état actuel par Vauban lui-même. La tour, restaurée, porte le nom de Donjon; elle servait anciennement de demeure aux ducs de Bretagne. La distribution intérieure porte toute l'empreinte du siècle où elle fut construite - 1550.. C'est un dédale inextricable de chambres, de salles, d'avenues, de souterrains, où la féodalité et son affreux despotisme semblent régner encore, tant les cachots de tous les genres, les réduits de tortures rappellent à l'imagination affligée les souvenirs de ces temps d'ignorance et de barbarie. La profondeur du plus grand nombre, taillés dans le roc , et leur obscurité, inspirent un sentiment d'horreur que l'on voudrait vainement repousser, quand surtout on arrive à celui connu sous le nom d'oubliettes, cachot ou plutôt sépulcre fort resserré, qui n'a d'autre ouverture qu'une sorte de cheminée fort étroite de trente pieds de profondeur. Outre ces quatre tours, déjà décrites, il en existe trois autres ; deux flanquent la porte du château, du côté de la ville, dont elles sont séparées par des remparts, des fossés très-profonds, et une demi-lune. Dans ces tours se trouvent les prisons. L'intérieur de ces fortifications renferme une très belle place d'armes, l'arsenal de l'artillerie de terre, de très beaux magasins et des casernes, dont une, nouvellement construite, est supérieurement distribuée et d'un bel ensemble.

TLa machine à mâter

La machine à mâter est un énorme massif en pierres de taille, dont la face, baignée par les eaux, forme un angle rentrant avec la surface de l'eau, et permet, par cette situation, aux plus gros navires de s'approcher à une distance convenable. Cette disposition diminue d'autant la pente et l'inclinaison de la machine elle-même, laquelle consiste en trois mâts énormes, de plus de deux cents pieds de longueur, liés entre eux par de solides traverses, et profondément implantés dans le massif élevé lui-même de vingt pieds au-dessus du niveau du quai. L'ouverture de l'angle obtus de ces mâts, avec le niveau de la plate-forme, est de cent vingt degrés; et pour suppléer à ce que cette inclinaison peut retirer de force à la mâture, un grand mât se trouve planté perpendiculairement au pied des trois autres, auxquels il est lié par des màtereaux horizontaux. Cet ensemble d'appareil est retenu encore au massif et aux rochers du château par des chaînes et des haubans énormes qui se raidissent par de très grosses caliornes.

TLes bassins de construction

C'est un magnifique établissement construit en même granit dont sont bâtis tous les quais et édifices de la marine. Il est garni, à son pourtour extérieur, d'un canal couvert, avec des jours de distance en distance. Ce canal s'emplit à volonté, et l'eau qui s'amasse dans des auges de pierre ou de foute sert aux pompes de précaution ou d'incendie dont on entoure les bâtiments lors de leur chauffage. De chaque côté du bassin, et dans l'épaisseur des massifs, sont pratiquées des espèces de chambres, où sont placées des pompes à chapelets pour l'épuisement des eaux qui s'écoulent par des coursiers latéraux ; le bassin est fermé par un bateau-porte, que l'on enlève à volonté, et que l'on fixe au moyen de coulisses et d'apparaux convenables. Il pourrait servir à la construction comme aux radoubs, mais le défaut d'espace pour les travaux des charpentiers l'a fait destiner uniquement au dernier emploi. Au fond de cette belle forme, on remarque un édifice superbe, jadis destiné à l'école des gardes de la marine, mais occupé maintenant parles ateliers de la ferblanterie, de la serrurerie, et par l'imprimerie du port. Tout le long du côté nord règne une suite d'édifices uniformes, n'ayant qu'un simple entresol à fenêtres cintrées; le bas contient la chaudronnerie et quelques magasins de détail; au-dessus sont placés l'atelier des boussoles et les salles de la bibliothèque de la marine. Cette bibliothèque est assez belle, et contient de bons livres ; mais on désirerait la voir placée dans un autre local moins bruyant et plus spacieux. Cette suite de bâtiments est terminée par un des pavillons du magasin général, qui règne parallèlement au chenal. Dans ce pavillon se trouvent les bureaux du contrôle et des mouvements du port. Derrière on aperçoit la tour du parc, de forme carrée, et dont les quatre faces, tournées aux quatre points cardinaux, offrent les cadrans d'une excellente horloge. Cette tour est surmontée d'une balustrade en fer et d'un mât de pavillon.

Brest
BREST: Vue intérieure du Théatre

TLe magasin général

C'est un vaste édifice d'une distribution simple, mais bien entendue, dont les salles contiennent tous les objets d'approvisionnement qui ne se délivrent pas dans les ateliers mêmes ou dans les différentes directions. Les inventaires actuels portent à plusieurs millions la valeur des objets renfermés et classés dans ce riche dépôt. La façade ne manque ni de grâce ni de majesté. La porte, fermée par une grille, est belle, et est surmontée d'un fronton bien sculpté, représentant l'écusson de France, environné de tous les attributs de la marine. Une cour extrêmement spacieuse, d'une forme triangulaire , comprend tout l'espace derrière les édifices du pourtour du bassin et la longueur du magasin général. Celle cour a été creusée aux dépens du roc élevé qui la domine,; et sur lequel se trouve un magnifique jardin. Vis-à-vis du magasin général se développe un quai très-spacieux, qui forme même une sorte de place d'armes, sur la quelle M. Cafarelli, préfet maritime, fit élever en l'an XII une élégante fontaine, surmontée d'une magnifique statue en marbre , représentant Amphitrile.

Plus loin , le quai est surchargé de chantiers , sur lesquels sont posés une innombrable quantité de pièces de canon pour l'armement des vaisseaux. Ces chantiers se prolongent fort loin, jusqu'à l'extrémité des magasins Keravel, grands édifices d'une architecture sévère, qui occupent un front considérable du quai. Aux deux extrémités de chacun, se trouvent des pavillons pour les bureaux. Les corps des bâtiments, parfaitement voûtés en briques, contiennent un nombre considérable de magasins particuliers , destinés à recevoir chacun le gréement d'un vaisseau. Dans les étages se trouvent la voilerie, la garniture, et leurs divers magasins. C'est vis-à-vis de ces édifices que se font les armements des vaisseaux, qui trouvent là, pour ainsi dire, sous la main, le gréement, la voilure, les canons et le lest.

TLa corderie

Après ce front, d'une très grande étendue, et pour l'emplacement duquel on a escarpé le roc jusque dans la mer, se trouvent les corderies, placées l'une au-dessus de l'autre dans la pente et aux dépens même du rocher. Ces ateliers sont d'une longueur immense, et présentent, avec le bagne et le quartier de la marine, qui les dominent en amphithéâtre, le plus beau coup d'oeil qu'il soit possible d'envisager. Les corderies contiennent chacune un corps de bâtiment, des ailes, et des pavillons aux extrémités ; elles ont trois étages et des mansardes, ce qui fait huit salles de plus de mille pas de longueur sur une belle largeur.

Vis-à-vis les corderies, se trouve un quai superbe, qui sert à déposer les ancres destinées aux bâtiments, et dont le nombre est considérable. A l'extrémité des corderies, et au détour de l'angle que forme en cet endroit le chenal, on trouve les magasins des brais et goudrons, sous lesquels on a pratiqué un escalier en pierre pour gravir jusqu'à la corderie haute. Plus loin, on aperçoit un corps de garde, au-dessous de l'extrémité des remparts de la ville, du côté de Brest; un beau pare au lest, et un superbe réservoir d'eau excellente, qui, au moyen de six énormes tuyaux, sert à l'approvisionnement des navires.

TL'Arsenal

Une grille assez belle et un poste militaire annoncent, du côté de Recouvrance, l'entrée de l'arsenal. Elle en porte le nom spécial, parce que effectivement là se trouve l'arsenal de l'artillerie, avec un parc qui règne lout le long du quai, et qui contient des canons et des caronades de toutes les espèces, ainsi que des mortiers et des obusiers. Vis-à-vis le parc sont les ateliers de la direction d'artillerie, superbes édifices avec de très-belles voûtes et de très beaux étages. Dans le bas sont les chantiers du cbarronnage, ceux des affûts, l'armurerie, la fonderie, où tous les travaux s'exécutent d'après les procédés les plus modernes et les plus ingénieux.

TL'Ancien magasin général

En sortant du parc, on remarque un vieil édifice dont l'architecture porte le type du siècle où il fut construit; c'est l'ancien magasin général que fit bâtir le cardinal de Richelieu, le seul des établissements de cette époque qui subsiste encore dans le port. Il a eu plusieurs destinations consécutives ; il a même servi pour les magasins particuliers des vaisseaux. Maintenant c'est l'atelier de la clouterie , où l'on confectionne tous les ouvrages de ce genre qui ne peuvent êlre livrés par les fournisseurs, tels que les clous de lisses et ceux à maillettes. En quittant ces ateliers, on trouve un grand dépôt de charbon de terre. Derrière, on gravit, par une rampe large, mais rapide, jusqu'à la sommité des rochers, sur le plateau desquels on voit une très-belle place, au milieu de laquelle s'élève, en château d'eau, une fontaine de très bon style. Elle est entourée de vastes édifices en hangars, d'une laide apparence, qui servent actuellement de caserne au dépôt des équipages de ligne.

TLes bassins de construction

En face d'une anse large et profonde, entourée de beaux magasins et de superbes ateliers, existent quatre superbes formes de bassins de construction, tels qu'il ne s'en trouve nulle part dans le monde; ils sont placés deux au bout l'un de l'autre, et communiquent entre eux par des portes ; les deux rangées sont parallèles et séparées par un très-beau môle, qui règne dans toute la longueur. Ces bassins s'ouvrent et se ferment au moyen de bateaux-portes communication avec la mer, et les eaux entrent de l'un dans i'autre par des portes battantes et busquées. Ils ont été creusés dans le roc. Le plus nouveau, celui de l'ouest, confectionné en l'an XII, sous l'administration de M. Cafarelli, a été entièrement piqué au marteau dans le roc vif, et n'a point été revêtu, excepté seulement dans quelques parties où le rocher se trouvait friable. Autour des bassins règne un très grand pourtour, où des charpentiers travaillent constamment aux pièces qui doivent servir à la construction ou aux radoubs des bâtiments. On y remarque aussi une machine à amollir et courber les bordages par le moyen de la vapeur. Au fond de l'anse, la prison de Pontaniou présente un très beau front, des rampes, des escaliers et des portes dans le style moderne de ces établissements. Sous Pontaniou , et dans l'épaisseur du terre-plein qui lui sert de façade, est une porte voûtée qui conduit à un très grand enclos contenant jadis des forges. Aujourd'hui la direction des ponts et chaussées de la marine y a réuni tous ses divers ateliers particuliers disséminés dans le port. C'est un fort bel arsenal dans l'arsenal lui-même; on y trouve des forges, la serrurerie, la menuiserie, la vitrerie, la marbrerie, enfin toules sortes de chantiers avec leurs magasins. Le côté du nord de l'anse est entièrement occupé par les grandes forges, où l'on confectionne les gros ouvrages en fer, tels que les raccommodages des ancres, les grosses chaînes, etc. Cet établissement est constamment en pleine activité.

TLes établissements divers

En rentrant dans l'alignement du chenal principal, on voit le superbe atelier de la menuiserie. Vis-à-vis, deux cales de construction, opposées l'une à l'autre, reçoivent des vaisseaux du premier rang. L'une d'elles est couverte d'une superbe charpente et d'une toiture à la Philibert-Delorme, supportée par des piliers en granit et des cintres en bois. Cette couverture est d'une légèreté extrême. Immédiatement au-dessous de la menuiserie, sur la côte fort élevée qui la domine, est un vasle plateau, sur lequel est bâti l'ancien couvent des capucins, converti en école de canonnage depuis la révolution. Les édifices ont été appropriés à cette destination. On y voit une tourmente, batterie figurée comme à bord des vaisseaux, plusieurs batteries de terre, des plates-formes à mortiers, enfin tout ce qui constitue une école d'artillerie bien montée; l'église elle-même est transformée en caserne, et reçoit les ouvriers d'artillerie. Une belle et vaste place d'armes, de grands jardins, un bois fort agréable, embellissent cet établissement, que vient d'envahir encore le dépôt des équipages de ligne depuis la funeste suppression des compagnies d'apprentis canonniers. De cet endroit, on jouit de la plus belle vue du port. À gauche, on aperçoit une grande partie de la rade, le château, l'entrée du port, toute la ligne des quais que nous avons décrits, le chenal et ses nombreux vaisseaux; en face surtout, les corderies et le bagne, surmontés par l'hôpital nouveau, le quartier de la marine ainsi que la ville, qui s'élèvent en amphithéâtre, présentent un des plus beaux aspects qu'il soit possible d'imaginer. Continuant, à partir de la menuiserie, on aperçoit divers magasins; l'atelier des avirons et celui de la sculpture où l'on confectionne toules les figures et les ornements des vaisseaux. Ensuite se trouve l'atelier de peiuture. Plus loin sont des hangars où l'on confectionne les hunes et les gouvernails. Auprès, sont les forges où se travaillent les cordes des mâts et les ferrures des gouvernails. Au pied du bois des Capucins s'ouvre un assez large terrain, sur lequel on a pratiqué plusieurs cales de radoub et de construction pour les frégates et les bâtiments légers. Près du chantier se trouve une seconde étuve pour amollir les bordages, et, plus loin, un très vaste hangar sert pour la construction des canols el autres petites embarcations. Au-dessus, et sur le plateau du rocher, règne un assez grand espace, qui, planté en arbres verts depuis une vingtaine d'années, présente des bois d'une jolie venue. Plus loin se trouve le poste dit de la tour blanche, qui terminait autrefois la ligne des remparts du côté de Recouvrance. Au pied,on voit une très belle forme neuve, creusée dans le roc, jusque dans la mer, et dont les pierres de revêtement ont été prises dans la côte elle-même, en élargissant le quai.

TLe bagne de Brest

Le bagne est un vaste édifice consacré au logemeut des forçats. C'est un bâtiment de cent trente toises de longueur, où l'on remarque trois pavillons, un au centre et deux aux extrémités: celui du centre, destiné au logement des officiers, partage le bagne en quatre salles, dans chacune desquelles on peut loger cinq cents hommes; les deux pavillons des extrémités sont destinés au logement des bas officiers commis à la garde de cette prison. Chaque salle a ses commodilés particulières, consistant en latrines, fontaines, cuisines et tavernes; et chacune d'elles est coupée en deux par un mur de quatre pieds d'épaisseur qui passe par le milieu de la largeur.

Indépendamment des salles, règne, le long de la cour, un grand édifice qui sert d'hôpital spécial pour les forçats. Les salles y sont parfaitement tenues, comme tout ce qui tient au service de santé de la marine, et les malades y onl les mêmes lits, y reçoivent les mêmes soins que les militaires. Au delà de l'hôpital, et dans une cour séparée, se trouve une manufacture de toiles, établissement vraiment philanthropique, qui met à la disposition des commissaires les moyens de récompenser la bonne conduite et de faire naître l'encouragement, en appliquant à ce travail moins pénible les condamnés qui se comportent le mieux, ainsi que les vieillards. Une autre cour spacieuse contient les casernes des chiourmes.

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Brest, Recouvrance: La maison occupée par Tourville telle qu'en 1840.

TLe reste de la ville

Au-dessus du bagne, s'élève une superbe esplanade, d'une très-grande étendue, cernée de murs et de grilles. C'est un parallélogramme, dont un des grauds côtés est occupé par une caserne d'un magnifique aspect. L'édifice présente un très-beau front, et se compose d'un corps principal, sur le sommet duquel se Ironve l'observatoire, et de deux ailes fort étendues, terminées par deux beaux pavillons. Derrière , règne une cour spacieuse, où se trouvent les cuisines, les fontaines et les lavoirs. La distribution inlérieure ne répond pas, assure-l-on, à l'extérieur , qui esl vraiment d'un fort beau coup d'oeil. Une grande place, pour les exercices, est bordée par une très-belle allée d'ormeaux. Sur un des côtés on voit une tourmente ou batterie de mer, où l'on exerçait les canonmers aux manoeuvres des bords, et sur l'autre côté se trouve une batterie de remparts, avec les pièces et les mortiers nécessaires aux exercices.

On remarque encore à Brest : le cours d'Ajot, d'où l'on jouit de la vue de toute la rade; la bibliothèque de la marine, renfermant 20,000 volumes, le cabinet d'histoire naturelle, le jardin des plantes, l'observatoire de la marine, les hôpitaux, la salle de spectacle, dont la façade est d'un bel effet, l'hôtel de ville, l'église de Saint-Louis, etc.

Brest est la patrie de Lamotte-Piquet, de Kersaint et de d'Orvilliers.

La ville compte de nombreuses fabriques de cordages et de chapeaux vernis, des tanneries et des chantiers de construction de navires. Brest arme aussi pour la pêche de la sardine, du maquereau et de la morue. — Commerce de grains, vins, bière, eau-de-vie, poisson frais et salé. Entrepôts et entrepôt de sel.

Brest est à 9 lieues de Quimper, 143 de Paris.
— Hôtels de France, de Provence, du Grand Monarque, de la Tour d'Argent, du Grand Turc.