Antonaves est composée de 7 hameaux dispersés sur une demi-lieue. Sa superficie est de 4016 hectares pour une population de 46 habitants, soit 140 âmes de communion.
Réponse aux questions demandées par Messieurs les Procureurs généraux, syndics des États du Dauphiné, à Messieurs les officiers municipaux de la communauté d'Antonaves, élection de Gap, par leur lettre du 8 février dernier.
L'ouverture des États Généraux 5 mai 1789
Médecin, chirurgien Il n'y a ni médecin sur les lieux ; pour s'en procurer, il faut avoir recours à M. Bernard, chirurgien de Ribiers, distant d'une lieue, ou à M. Œuf, médecin à Mison en Provence, distant de trois quarts de lieue, mais séparé le plus souvent par la rivière du Buëch, inguéable d'ailleurs. Ni l'un ni l'autre ne tiennent aucune espèce de drogues. Pour s'en procurer, il faut se transporter à Sisteron, où on les paye fort cher, et on en trouve rarement de bonne qualité; il serait à souhaiter que l'administration en approvisionnât la communauté.
Accoucheuse Ni sur les lieux ni aux environs, il n'y a aucune accoucheuse instruite.
Épidémies Ce n'a été que rarement que la communauté a été attaquée de maladie épidémique; l'on n'y a jamais pratiqué l'inoculation de la petite vérole destinée à lutter contre la petite vérole.
Maisons Les maisons se bâtissent en pierres, chaux et sable; elles sont couvertes en tuiles, qu'il faut importer de Ribiers ou de Saléon, et revenant à 9 livres la toise; il n'y a nul couvert en paille, encore moins en ardoises, ni de petites lauzes, n'y ayant aucune carrière dans les environs.
Le sol La nature du sol est en général très mauvaise; il consiste presque tout en montagnes ou collines; il est souvent dégradé par les pluies ou fontes des neiges, et malheureusement cette année plus que toute autre. La fonte des neiges causa un dommage considérable dans le courant du mois de janvier dernier, et, le 11 mai dernier, les pluies rapides et grêles ont achevé de tout dégrader, le haut et le bas fond, ainsi qu'il en sera constaté par un procès-verbal.
Récoltes Les genres de récoltes sont : froment, seigle et épeautre, peu de vin, peu de fourrage, encore moins de légumes, si ce n'est quelque peu de pommes de terre; les amandiers et les noyers, quoique peu considérables, sont presque les seuls arbres fruitiers qui prospèrent.
Récolte commune Année commune, on ne perçoit pas des grains pour l'usage des habitants; leur nourriture ordinaire est du pain de seigle ou d'épeautre et de soupe, matin et soir.
Disette Dans les années de disette, on tire les grains de Sisteron en Provence, qui est le seul endroit des environs où il y ait des marchés publics.
Exportations Point de productions surabondantes, sauf quelques amandes qu'on vend à Ribiers ou à Sisteron; le seul moyen d'exportation, c'est des bêtes à bât, qui ne sont pas même en sûreté par la dégradation des chemins, et malheureusement tous les vicinaux sont impraticables, au point que, si on ne les fait réparer, toute communication sera interceptée.
Bois Il n'y a dans ce lieu qu'un petit bois taillis en chênes, ne servant que peut à l'usage du four; les bois de forêt sont très rares, au point qu'on est forcé de couper les arbres fruitiers pour le chauffage. La communauté n'a d'autre commune que le petit bois taillis mentionné ci-dessus; la nature du sol est très mauvaise et nul moyen pour le rendre plus utile. Il serait même à souhaiter qu'on pût se procurer des bois ailleurs pour cuire le pain, vu que se trouvant au-dessus du village, son défrichement ne peut que nuire.
Rivière La seule rivière de Méouge passe à l'extrémité du terroir; son eau sert à arroser le peu de prairie qu'il y a, dont le terrain serait assez bon, mais les eaux étant fort creuses en dévorent le fumier au point que, chaque année, on est obligé de fumer. Cette rivière emporte journellement le meilleur terrain du pays, qui est la prairie; le seul moyen de s'en garantir serait des fortifications, mais la communauté est trop pauvre pour les faire; de même le torrent de Gironde inonde et engrave une partie de la prairie, n'ayant point de sortie et se jetant dans le canal de l'arrosage.
Bétail Le gros et menu bétail consiste en douze paires de bœufs ou vaches, six mules ou mulets, quinze bourriques et environ deux cents bêtes à laine; point de pâturages et peu de fourrage ne permettant point d'en augmenter le nombre.
Vétérinaires, maréchal Dans la communauté ni sur les lieux, il n'y a ni artistes vétérinaires, ni maréchaux experts.
Industrie, commerce Les habitants n'ont ni industrie, ni commerce d'aucun genre ; les seuls qu'on pourrait y établir seraient ceux détaillés au mémoire remis par M. Abel, député, et annexé à celui de l'élection de Gap, dont le rapport fut fait par M. le commandeur de Mouspey , et qui fut remis à MM. les Procureurs généraux syndics.
Régime municipal Le régime municipal est deux consuls, le châtelain et greffier, deux auditeurs ou députés, assistés du principal des forains
Revenus communaux La communauté n'a aucun revenu.
Charges locales Les charges locales consistent à l'entretien des bâtiments et de l'église, la maison curiale, cierge pascal, gage des gardes-bois, le champêtre, abonnement du pied fourché, frais du député aux assises, entretien des fontaines publiques. La communauté n'a aucune dette passive ni active, mais elle est redevable, toutes les années, d'une cense au seigneur de Ribiers, de deux charges de blé froment et de quatre-vingts panaux d'avoine.
Comptes Les comptes ont été rendus, chaque année, en la forme des règlements.
Pauvres Les revenus des pauvres ne consistent qu'à la 24°, qui sont seize panaux de grains, savoir : six panaux de froment, six panaux de seigle et quatre panaux d'épeautre, distribués chaque année par les officiers municipaux, M. le curé étant toujours présent.
Fondation Il n'y a aucune fondation, ni d'hôpital, ni d'éducation publique.
Cadastre L'époque du dernier parcellaire est de 1776; il est en très bon état, ainsi que le coursier; les titres et papiers de la communauté sont fermés dans un coffre à deux clefs, dont l'une est entre les mains du châtelain et l'autre des consuls.