Vallouise est un village situé dans la riante vallée de son nom, à 3 lieues de Briançon. Sa population s'élève à 1,300 habitants.
La vallée de Vallouise ne porte ce nom que depuis le commencement du XVI° siècle. En 1487, un grand nombre de religionnaires s'étaient cachés, avec des vivres pour deux années, dans une caverne spacieuse d'Aile-Froide ou du Pelvoux, montagne de la Valpute, que les neiges et les précipices dont elle est environnée semblaient rendre inaccessible. On y fit descendre, au moyen de cordages, 400 hommes armés, qui étouffèrent par la fumée, ou égorgèrent, sans distinction d'âge ni de sexe, les malheureux proscrits, dont quelques-uns se précipitèrent au bas des rochers et perdirent la vie dans leur chute. Ces lieux funestes se nomment la Baume-des-Vaudois, et le Rocher Chapelue, parce que leurs chapeaux y restèrent accrochés; l'on remarque à d'autres rochers presque inabordables des traces de leurs habitations.
Louis XII° fit repeupler ce canton, auquel la reconnaissance publique donna le nom de Vallouise.
On voit aux environs du village les ruines d'une muraille flanquée de tours, où Lesdiguières fut arrêté pendant deux mois par les habitants de la vallée, renforcés d'un seul régiment.
On doit visiter, au fond de la vallée de Vallouise, le glacier d'Aile-Froide, ou de Pelvoux, élevé de 4,300 mètres au-dessus du niveau de la mer. Après avoir remonté pendant une demi-heure la rive gauche du Gy, on arrive au petit hameau de Saint-Antoine, environné de riantes prairies et situé au pied de rochers d'où tombent de toutes parts de belles cascades ; le hameau de Clos semble avoir été bâti dans le lieu le plus propice pour admirer ce site enchanteur. Non loin de ces habitations, on découvre le cône granitique du Mont-Pelvoux , empire inaccessible des neiges éternelles. Du hameau de Clos on monte jusqu'au bord d'un précipice, au fond duquel le Gy roule ses eaux furieuses. Bientôt se présente un vallon uniforme et déboisé où coule le Gy. La vue qui se reposait naguère sur des objets si divers, est attristée par l'aspect uniforme de ce vallon, qu'on ne remonte qu'avec ennui à travers un labyrinthe de rochers. L'oreille n'entend que le bruit rauque du ruisseau qui rafraîchit vainement ses bords stériles. On entre enfin dans un cirque ovale de 500 à 600 mètres de diamètre, rempli de débris granitiques: à droite est un joli bois ; vis-à-vis sont des rochers couverts de neige ; dans le fond un glacier à pic, dont les ramifications forment les plis de l'immense écharpe jetée sur le gigantesque Pelvoux. Au bas de ce glacier escarpé, le Gy s'échappe d'une voûte profonde dont l'entrée est un brillant portique sous lequel on voit confusément entassés des blocs énormes qu'on prendrait, selon les divers aspects sous lesquels s'offre ce portique, tantôt pour les matériaux, tantôt pour, les ruines d'un palais de cristal bâti par les géants.
Guide pittoresque du voyageur en France - Année 1863