Sigoyer - 05: Le ciel de Sigoyer était de plomb...
Loin des clichés habituels, le Roi, l'Ancien Régime et ses gouvernements avaient plus soucis du Peuple qu'il n'est souvent affirmé. En 1789, peu avant la grande révolution, est dressé un état général du pays. Sigoyer, comme toutes ces paroisses et communautés de France qui deviendront communes dans les années à venir, apparaît dans ce que l'Histoire gardera sous le nom d'États Généraux du Royaume. Voici ce qui était de Sigoyer en 1789.
SIGOYER : La communauté n'a aucun revenu, excepté les deux montagnes qu'on appelle la Grande et Petite Céüse. Dans la Grande, il n'y a aucun bois ni pâturage, ayant été dégradée depuis longtemps par les grêles et rapidité des pluies, n'y ayant présentement que de grosses pierres et cailloux avec de gros ravins qu'il s'y est formé, à cause de la pente extraordinaire; ce qui cause une grande perte à cette communauté, tandis que dans un temps on y avait fait dépaître plus de 3.000 bêtes d'avérage et même de gros bétail, et à présent à peine pourrait-on en faire dépaître 100. La communauté est traversée par neuf ruisseaux qui prennent leur naissance aux ravins des deux Séüses et qui, autour de la communauté, forment trois torrents, appelés Baudon, Pisentour dont l'un de chaque côté du village, qui, selon toute apparence dans peu de temps l'entraîneront et l'autre appelé Bousaq. Que ces ruisseaux et torrents, dans moins de quatre-vingts ans, ont emporté le quart du terroir de cette communauté, à cause qu'il se trouve un terrain en pente, argileux et sablonneux, n'y ayant aucun moyen pour en garantir les fonds. Ces malheurs proviennent de la destruction de la Grande Céüze.
Le rapporteur des États Généraux du Dauphiné préconise déjà plusieurs solutions pour remédier à ces problèmes d'érosions liées à la surexploitation du territoire de la communauté de Sigoyer. Voici ce qu'il écrit à ce sujet:
- Il serait donc à propos, Messieurs, qu'il y eut des commissaires éclairés sur l'agriculture, qui visitassent les communautés et leur marquassent les endroits qu'elles seraient obligées de replanter, d'en éloigner la faux, la pioche et les troupeaux, et qui leur indiquassent les moyens d'améliorer leurs fonds. Nous ne voyons pas d'autre voie d'approximer au moins de loin les choses de leur première nature, de rétablir ce que l'homme inexpert et intéressé a détruit en partie et de prévenir un plus grand débordement des eaux qui est infaillible, les choses demeurant dans l'état où elles sont.
C'est en 1860 et 1882 que seront passées les premières lois pour lutter contre l'érosion. Ancien Régime ou Régime progressiste ?
