Le braconnage a existé depuis que les chasses ont été réglementées et multiples histoires abordent ce sujet. Si, très souvent, elles tournent la maréchaussée ou le seigneur en dérision, elles présentent toujours le braconnier avec sympathie, comme un personnage rusé, malin et plein de malice. Voici une histoire qui, comme tous les contes et légendes, est d'une vérité historique indéniable.
En ces temps lointains, mais finalement pas si éloignés ; c'était hier !
Un moine cordelier, grand adepte des pratiques religieuses et du braconnage, appliquait ses bonnes œuvres religieuses en la forêt du Teillay et appliquait ses enthousiastes dévotions aux gibiers des bonnes et giboyeuses terres du seigneur de la Roche-Giffart, actuellement en la commune de Saint-Sulpice-des-Landes. Comme il se doit, Geffroy Giffart, notre seigneur local, fort marri, ne voyait pas cela d'un bon œil et - un bon chasseur devant savoir chasser sans son chien, chassait lui aussi aussi ce moine indélicat confondant châsses religieuses et chasses seigneuriales.
De détours en chemins, après multiples ruses, traquenards et moults lapins, lièvres ou autres gibiers passés par les collets et l'estomac de notre cordelier, notre bon Geffroy et ses gens réussirent enfin à mettre la main au collet de notre gourmet monastique en soutane. Bien sûr, notre brave moine fut immédiatement conduit avec les égards dûs à son rang dans la cour du château de la Roche-Giffart. Ayant droit de haute et basse justice, Geffroy pouvait condamner le moine à mort et tenait la vie du brave religieux entre ses mains, tel un lapin...
Fort courroucé par la quantité impressionnante de gibier prélevé par notre moine qui, nous le savons tous, ont appétit féroce - surtout les cordeliers, il semblerait, Geffroy lui présenta un poulet et lui dit dans un breton impeccable et maintenant trop oublié:
- Tue ce poulet comme tu voudras être tué. Je jure devant cette noble assemblée que tout ce que tu feras sur ce poulet te sera fait à l'identique. Foi de Dieu !
- Vous me le jurez ? demanda notre cordelier.
- Je le jure devant tous et que mon âme soit damnée si je ne le fais ! s'écria le seigneur.
Le moine prit alors le poulet, enfonça son index jusqu'à la dernière phalange dans le derrière de l'animal puis, le retirant, le suça goulûment et avec un sérieux monastique.
- Me ferez-vous aussi cela, seigneur Griffart ? demanda alors le moine.
Le sire Geffroy éclata alors d'un rire ayant marqué les mémoires et fit grâce au moine sans lui garder rancune.