⌘ L'appel de la guerre au 1° août 1914
Au 1° août, la mobilisation générale voit bien des commentaires. Tout le monde pense que cette guerre sera fraiche et joyeuse malgré les mises en garde d'esprits éclairés dont ce général allemand qui, dès 1905, invitait à ne pas se faire la guerre et à la réflexion en dressant avec clairvoyance et justesse le tableau terrible de cette guerre que tous pressentaient.
L'instituteur de Montjoux écrit:
- 1" août. Journée d'attente angoissée pour l'adjoint faisant fonction de maire et pour moi. Dès 8 heures du matin, par téléphone, nous sommes priés de ne pas nous éloigner, en vue de graves éventualités. Nous n'en disons rien pour ne pas jeter l'alarme parmi la population. Chaque sonnerie du téléphone, près duquel nous sommes installés en permanence, nous agite. À 16 h. 40, la fatale dépêche. L'adjoint, bouleversé, renonce à garder les récepteurs. Il m'appelle à l'appareil, j'écris la dépêche. Quelques copies sont faites et, par bicyclistes, expédiées dans les principales agglomérations. À 17 heures, arrive en trombe une automobile. Un gendarme en descend et remet à la mairie des affiches.
La population est dans les champs. Intriguée par les allées et venues des bicyclistes et les signes qu'ils font en agitant les affiches, elle quitte ses travaux et accourt principalement au hameau de La Paillette, où est la mairie. Les habitants lisent et sont consternés. Les femmes pleurent. Les enfants comprennent et cessent de jouer.
Un terrible concert de malédictions s'élève contre les auteurs de la guerre, que l'on devine sans peine inévitable. Le diapason des conversations se hausse. Chacun exhale sa haine farouche de l'Allemagne. Les âmes s'élèvent, les résolutions s'affirment, énergiques. On se battra sans merci. Le ton monte toujours, l'excitation est extrême dans la soirée. Un mobilisé a déjà revêtu ses habits militaires, et la population, si abattue quelques heures auparavant, vibre admirablement. L'on devine que l'humeur belliqueuse de nos ancêtres revit tout entière : c'est avec enthousiasme que l'on partira.
Les vétérans de 1870 ne sont pas les moins ardents. Ils se mêlent aux jeunes, regrettent d'être si âgés et de ne pouvoir mettre leurs bras au service de la patrie.
Journée inoubliable.