Embrun est une ancienne et forte ville. Chef-lieu de sous-préfecture, tribunal de première instance, collège communal, Embrun compte 3,000 habitants.
Embrun fut une des principales villes des Caturiges ; ils la nommèrent Ebrodunum. Elle devint, sous les Romains, un poste militaire que sa situation rendit très important. Néron accorda à la ville les privilèges des colonies latines, et Galba, ceux des cités alliées des Romains. Adrien, ayant formé une nouvelle division des Gaules en quatorze provinces, donna à Embrun le titre de métropole des Alpes-Maritimes. L'empereur Conrad II accorda à ses archevêques des droits régaliens et celui de battre monnaie.
La forte position d'Embrun a souvent exposé celte ville à de grands désastres. Elle fut saccagée tour à tour par les Vandales, les Huns et les Saxons. En 966, les Maures s'en emparèrent, la pillèrent, l'incendièrent et en exterminèrent la population. Elle fut encore pillée et incendiée, en 1573, par les grandes bandes, puis rançonnée par Lesdiguières. Le duc de Savoie la dévasta de nouveau en 1692. Cette ville est située sur un plateau qui s'élève au milieu d'une vaste prairie traversée par la Durance. Elle est entourée de remparts, de bastions et d'un fossé assez profond, et défendue du côté de la Durance par un rocher que son escarpement rend inaccessible. Le roc sur lequel elle est située présente de beaux bâtiments et des terrains bien plantés ; il est couronné de plusieurs édifices, au-dessus desquels s'étend la grosse tour de la cathédrale, dont la flèche domine toute la ville. L'intérieur ne répond point à cette apparence grandiose; les maisons sont assez bien bâties, mais les rues sont irrégulièrement percées, malpropres, sombres, tortueuses ; la seule qui ait une largeur convenable est celle que suit la grande route, encore n'est-elle pas mieux percée que les autres.
La place Saint-Pierre est carrée et assez jolie. Le rocher, du côté de la Durance, est bordé d'une esplanade plantée d'arbres et muni de parapets ; c'est une promenade agréable d'où l'on jouit de perspectives variées. La cathédrale est un grand et superbe édifice de style gothique, dont la façade est surmontée d'un clocher à flèche très-élevée ; on y remarque un autel en marbre de Carrare, un orgue élégant, et de beaux vitraux ornés de rosaces et des portraits des douze apôtres. En face de celle église on voit une maison en pierre de taille, où figure un lion dévorant une chèvre, dont la construction paraît remonter à la même époque. Près de là est l'ancien palais archiépiscopal qui répondait à la splendeur de l'église. Á peu de distance s'élève la Tour-Brune, qui servit long-temps de prison.
En 1804, et par les soins de M. Ladoucette, dont l'administration comme préfet a laissé dans le pays les plus honorables souvenirs, l'ancien collège et séminaire des jésuites a été transformé en une maison centrale de détention, la première qui ait été établie en France.
Embrun voit l'existence de fabriques de draps, rubans de laine, ratines, couvertures, chapeaux et des filatures de coton, des tanneries et pratique le commerce de fruits excellents, vins, cuirs et bestiaux.
Embrun est à 11 lieues de Gap et 182 lieues de Paris.