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Saint-Michel-en-Grève
Légende locale

Lokmikael-an-Traezh

Lokmikael-an-Traezh
( Saint-Michel-en-Grève )
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Saint-Michel-en-Grève

■ Le château sous la mer

Il y a bien longtemps, en des temps reculés, la baie de Saint-Michel-en-Grève voyait un château retenu au fond des mers et habité par une princesse aussi belle qu'intelligente. Une nuit l'an, à la Saint Jean le Baptiste, le château émergeait des eaux le temps des douze coups de minuit.

Si un homme assez hardi arrivait à entrer dans le château, retrouver et dérober une baguette magique qui s'y trouvait cachée, et ceci avant le dernier coup de minuit terminé, il deviendrait propriétaire du château et l'heureux époux de la sublime princesse. Milliers de courageux se lancèrent dans le projet et le payèrent tous de leur vie.

Scouarn, jeune homme de la région et bien fait de sa personne, tenta l'aventure...


Saint-Michel-en-Grève

  • Français: Saint-Michel-en-Grève
  • Breton: Lokmikael-an-Traezh
    ( Brezhoneg )
  • Population: 447
    Gentilé: Michelois
  • Superficie: 4,69 km²
    Densité: 95.31 hab/km²
  • Latitude: 48°41'5" N
    Longitude: 3°34'54" W
  • Latitude: 48.684738" N
    Longitude: -3.565017
  • pages: 34
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Saint-Michel-en-Grève: Début XX°: le cimetière et l'Église

 ⌘ Le château immergé

Il y a bien longtemps...
Les mémoires en ont oublié l'époque...
C'était hier...


Un merveilleux château existait autrefois dans la baie de Saint-Michel-en-Grève. Il était habité par une princesse digne de ces lieux: elle était belle et séduisante, elle était intelligente et de très grande érudition...

Cette description idyllique était malheureusement contrariée par un inconvénient majeur: le château, hanté par de multiples esprits malfaisants, n'était visible que la nuit de Saint Jean le Baptiste, lors des douze coups de minuit seulement ; le reste de l'année, il était immergé sous les eaux et inaccessible !

Les gens savants et de vieille mémoire, affirmaient que, depuis la nuit des temps, la princesse était prisonnière de ces esprits délétères et épouserait celui qui arriverait à la délivrer de ces nuisibles en dérobant une baguette magique dissimulée dans le château, à trouver lorsque ces douze coups de minuit étaient piqués et avant que la cloche ne finisse de tinter...

Vivant à Saint-Michel-en-Grève, Scouarn était un beau jeune homme, athlétique - mais ce mot n'était encore en usage, et bien bâti. Il avait non seulement muscles noueux mais aussi belle intelligence et beau courage ; c'était un poilu !

Scouarn était tombé follement amoureux d'une des filles du pays trégorrois. N'allez pas chercher mignonne à l'autre bout du pays: elle n'habitait qu'au Yaudet est-il affirmé. Scouarn se lança un jour, demanda rencontre avec les parents de la demoiselle, et fit demande en mariage, promettant de faire le bonheur de leur fille unique et leur donner beaux petiots.

Malgré arguments solides, les parents refusèrent. Scouarn en fut tellement marri et écrasé de chagrin qu'il en perdit le sommeil, l'appétit et l'envie de vivre. Il errait, tel âme en perdition, sur la grève de Saint-Michel et suppliait l'Ankou de venir le délivrer d'une vie devenue sans saveur ni espoir...

Les jours, les semaines, le mois passèrent et, par une froide nuit de décembre, la nuit de la Saint Jean, cette nuit marquant le solstice d’hiver, la lumière, l'espoir et les chauds longs jours qui vont revenir, sur le coup de minuit, alors que le gong martelait lourdement la cloche de ses coups, il vit le château, au milieu de la baie, resplendissant de ses lumières...

Scouarn ne réfléchit pas et s'élança vers le château...

Multiples avant lui avaient tenté l'aventure et essayé de ravir cette baguette magique puis devenir le mari de cette princesse merveilleuse ; ils avaient tous échoué et payé cette hardiesse de leur vie. Scouarn, lancé dans une course folle, dans l'eau froide de décembre et les sables de cette baie qu'il arpentait souvent, Scouarn ne réfléchissait pas et il sentait le sang affluer dans ses jambes pour revenir frigorifé, comme si l'Ankou le talonnait...

S'approchant au pas rapide de sa course, il vit la princesse au balcon ; elle criait secours, espérant délivrance...

Scouarn redoubla d'efforts. Ses jarrets comme ses cuisses brûlaient ; la douleur était terrible...

Résonnait le sixième coup quand il passa le seuil du château.

La princesse l'appelait à l'aide, d'une voix douce balayant les vents marins.

Incapable de penser, l'esprit ne visant qu'un seul but, Scouarn ne pensait qu'à cette baguette à quérir et gardait seule cette idée, cette seule cible, prioritaire et unique cible...

Les coups continuaient et la cloche sonnait...

Sept...
...
Huit...

Scouarn, redoublant d'effort, fouillait le château, toutes les pièces et les recoins, les débarras et les culs-de-basse-fosse, les greniers et les nombreux galetas.

C'est au neuvière coup qu'il s'attaqua aux chambres et pièces, haletant et chargé des douleurs de cet effort physique et moral...

Neuf...
...
Dix...
...
Onze...
...
...
Il cherchait toujours et redoubla l'effort.
Soudain, dans une pièce bien ordinaire, un recoin des cuisines, il fit la découverte: devant ses yeux, la magique baguette; si puissante et si ordinaire ; elle n'était un simple bois flotté, usé par les flots et le sel, mais resplendissant de la Lumière de la Vie...

Il saisit la baguette, à pleine main, demanda à la mer de se retirer et aux esprits maléfiques de retourner aux Enfers, et soudain...

Soudain...
Soudain...
Soudain, la mer se retira et les esprits, avec de terribles hurlements, retournèrent dans la Géhenne pour y rester à demeure...

Le douzième coup de minuit retentissait et le dernier son de la cloche s'éteignait déjà...

Retrouvant ses esprits et l'excitation retombant, il pensa enfin à la princesse et s'en vint la délivrer.

Elle, gracieuse et élégante ; lui, bel et solide homme ; tous deux cultivés, érudits, intelligents et fortune assurée, ils se marièrent peu de temps après.

La noce fut remarquable et le nombre d'invités impressionnant ; certains venant de très loin. Les sonneurs sonnèrent, les rôtisseurs rôtirent, les sauciers montèrent sauces et condiments ; les sommeliers œuvrèrent et ouvrirent. Carafes et carafons circulèrent et les verres tintèrent tant au plaisir de tous et de toutes que l'on parle encore de ce mariage dans les bourgs et les villages ; dont celui de Saint-Michel-en-Grève...

Nous savons que plusieurs enfants naquirent de ce mariage heureux installé à Saint-Michel.
Peut-être en croiserez-vous lors de la visite de lieu charmant...