Rueil-Malmaison est un joli bourg, remarquable par sa belle situation au pied d'une colline plantée de vignes, dans une contrée fertile et bien cultivée ; il est bien bâti, propre, et environné de maisons de campagne des plus agréables. On y remarque un beau château, ancienne habitation du cardinal de Richelieu, qui fit longtemps de Rueil sa résidence ; une belle église, surmontée d'un clocher en pierre de forme pyramidale, et de vastes casernes.
La Malmaison est l'un des séjours les plus agréables des environs de Paris, est une dépendance de la commune de Rueil. Le château ne présente rien de bien remarquable sous le rapport de l'architecture. On y entre par un porche en forme de tente, servant de premier vestibule. Un second vestibule, décoré de quatre colonnes, divise l'édifice en deux parties : d'un côté se trouvent le salon, la salle de billard et la galerie ; de l'autre la salle à manger, la salle du conseil et le cabinet. L'étage supérieur est distribué en appartements. Ce chàteau devint en 1793 la propriété de Mme Bonaparte, qui devait atteindre à de si hautes destinées. Ses goûts simples et purs l'engagèrent à faire embellir les jardins qui, sous ses yeux, devinrent bientôt un véritable lieu de délices ; par ses soins, une serre magnifique, un jardin de botanique, une ménagerie et une école d'agriculture y furent établis. Le jardin de botanique contient les plantes les plus rares ; la ménagerie renfermait tous les animaux terrestres, aquatiques et volatils, qui peuvent vivre dans notre hémisphère ; l'école d'agriculture était consacrée à des expériences utiles.
La Malmaison avait fait les plus chères délices de Joséphine pendant la période de sa grandeur ; après sa déchéance, elle fit sa plus douce consolation. Celle femme célèbre, généralement regrettée de tous ceux qui ont eu le bonheur de l'approcher, fut enterrée à Rueil, où un monument très simple indique sa dernière demeure.
Rueil-Malmaison est à 3 lieues de Paris.
GUIDE PITTORESQUE DU VOYAGEUR EN FRANCE - année 1838