⌘ La mort de Rédortiers
La République présente toujours la Révolution de 1789 avec lyrisme, grandeur et glorieuses conquêtes de Libertés toutes plus merveilleuses les unes que les autres ; les réalités de cette Révolution imposent de tempérer ces affirmations frisant parfois le grotesque. Rédortiers est un bon exemple de cette obligatoire tempérance.
Village prospère jusqu'à la Révolution, Redortiers commencera à décliner inexorablement dès le I° Empire. Se pose alors la question des causes amenant cette ruine...
- Le dernier habitant
Nous sommes en 1918.
Depuis le milieu du XIX° siècle, Rédortiers, autrefois dauphinoise, perd population bien que le village, assis sur son éperon rocheux, à l'ombre du donjon majestueux perché à 1047 mètres, offre une vue incomparable sur les environs. - Nous sommes en 1918
En cette année qui voit fin de la première guerre mondiale et ses âpres carnages, Antoine Laugier, berger et dernier habitant de Redortiers, ferme les yeux pour la dernière fois sur ses rugueux pâtures. - En des temps lointains
Si Redortiers est attesté en 1160 avec un Redortierus, il est impossible de dater les premières installations ; rien n'empêchant d'imaginer une occupation très ancienne comme pour Faudon, en Hautes-Alpes.
Au XII° siècle, un prieuré dépendant de celui de Carluc, donc de l'Abbaye de Montmajour, s'installe à Redortiers. Il est placé sous la protection de Sainte Anne mais périclitera au XIV° siècle pour disparaître sans laisser de traces ; sans doute était-il près du village et les bâtiments réutilisés en intégralité. - Moderne Ancien régime
Les coutumes réglaient la vie des terroirs et il est bien crédule de donner valeur aux descriptions souvent erronées et caricaturales attribuées à l'Ancien Régime. Le Moyen-Âge, Renaissance et Temps Modernes verront le fief passer dans différentes familles nobles de la région par mariage, vente ou héritage. Les familles Simiane, Redortiers, Reybaud, Tapia, Glandèves ou Targues se lègueront, se vendront ou se disputeront le fief de Redortiers, comme Gaspard et Balthazard de Glandevès, sieurs de Faucon, qui contestèrent la possession de cette seigneurie à Pierre Targues, fils de Jacques. Les frères Glandèves, héritiers de Forcalquier par leur mère, revendiquaient droits sur Redortiers. La querelle se termina le 5 décembre 1549 par un acte laissant droits aux sieurs de Faucon.
Peu de temps après, le fief revint aux Targues !La fin du XVI° siècle vit la la Cadière acheter la moitié du fief puis le revendre en 1604 au Connétable de Lesdiguières, 27.000 livres ; Connétable qui achètera l'autre moitié Pierre Roux-Targues. C'est en 1703 que Redortiers sera transmis aux Ducs de Villeroy ; ils le garderont jusqu'à la Révolution de 1789.
- Us et coutumes
Les coutumes et us, élaborés au cours des siècles, seront respectées par les différents suzerains de Redotiers ; cela n'empêchant certainement pas quelques modifications ou ajustements. Le cadastre rédortiérin en 1840
- Causes de la dépopulation
Les causes de la dépopulation bas-alpine ont été longuement étudiées et les auteurs ont surtout parlé de l'infertilité des terres et de la difficulté des voies de communication.
Se penchant plus sur l'histoire du village, nous remarquons que, sous Louis XIV°, Rédortiers voit présence de dix bourgeois, deux prêtres, d'un notaire, d'un chirurgien, et de cinq cents habitants vivant tous à Redortiers. Nous pouvons, suivant l'évolution sociale de certaines familles indigènes que moult paysans deviennent gentilhommes en quelques générations ; cela démontrant que l'ascenceur social existe - cela est-il toujours le cas en France ?
Nous pouvons aussi remarques, entrevus entre les ronces, nombres pierres ouvragées de mascarons et ,ombre balustres éparpillées ; ces reliques nous rappellent l'histoire d'un village autre que pauvret.
Expliquer la disparition de Rédortiers en affirmant qu'il est isolé blesse car fait abstraction des autres villages tout autant, si ce n'est plus, isolés que Rédortiers.