⌘ L'appel de la guerre au 1° août 1914
Au 1° août, la mobilisation générale voit bien des commentaires. Tout le monde pense que cette guerre sera fraiche et joyeuse malgré les mises en garde d'esprits éclairés dont ce général allemand qui, dès 1905, invitait à ne pas se faire la guerre et à la réflexion en dressant avec clairvoyance et justesse le tableau terrible de cette guerre que tous pressentaient.
L'instituteur de Puy-Saint-Pierre écrit:
- Le 1° août, les mobilisés, très vaillants, comptaient tous marcher contre les Italiens. À tout moment arrivaient dans le village les jeunes soldats du pays en garnison à Briançon, qui venaient faire leurs adieux à leurs familles. Pour eux aussi, l'idée de partir le soir même pour Mont-Genèvre dominait. Tous comptaient sur une campagne d'une durée d'un mois au plus.
Peu de personnes se sont couchées pendant la nuit du 1° au 2 août. Tout le monde était dans la plus grande anxiété, comptant à chaque instant entendre tonner les canons italiens du Chaberton. Les femmes se réunirent dans l'église et restèrent toute là nuit en prières.
Triste journée que celle du 2 août. Aux inquiétudes sur le sort du cher soldat parti hier soir, ou de l'appelé de demain, s'ajoute l'appréhension d'un envahissement prochain des Italiens. Chaque famille prend des précautions commandées par la circonstance. On remplit les malles de linge et d'effets, on enferme ce que l'on a de plus précieux et on porte le tout dans les caves. Presque tous les propriétaires ont ici deux ou plusieurs maisons, au chef-lieu et dans les divers hameaux. Ce qui est drôle, les familles habitant les villages montent les malles et paquets à Puy-Saint-Pierre, le chef-lieu, et celles installées au chef-lieu descendent leurs richesses dans les hameaux. Un habitant du village du Pinet a rentré deux tombereaux de terre dans sa cave, se proposant, en cas d'alerte, d'en boucher les soupiraux et toutes les ouvertures.
Plusieurs personnes, se disant bien informées, apportent de la ville le bruit qu'il faut se tenir prêts à évacuer le pays : il faut maintenant songer à un départ précipité et préparer un paquet d'effets indispensables pour chacun. On voit toute la journée bon nombre de personnes sur le mur du cimetière, à Puy-Saint-Pierre, munies de longues-vues et cherchant à distinguer les premiers coups de canon qui doivent être tirés du Chaberton.
Il est intéressant de remarquer que l'on parle de guerre mais que l'ennemi immédiat reste l'Italien, alors un allié contre les Empires Centraux.