■ Morts en mer
Plogoff, 3 janvier - Le tribunal civil de Quimper a rendu, à la date du 21 décembre 1895, un jugement valant acte de décès des marins dénommés ci-dessous, qui ont trouvé la mort dans les circonstances suivantes :
Le canot Saint-Pierre, armé pour la petite pêche, à Audierne, revenait de la pêche, dans la soirée du 21 septembre 1804, vers 8 heures du soir, par mauvais temps, vent de S. E. Le patron renvoya à terre, par la plate, le petit mousse Jean-Francois-Marie Normant et le novice Henri-Marie Floc'h, pendant qu'il faisait encore un peu jour ; lui-même resta coucher à bord avec ses trois matelots, le bateau étant mouillé à Port-Lohons en Plogoff. Etaient donc à bord, à ce moment-là :
⤇ 1° le patron Clet-Simon Le Floc'h,
⤇ 2° Jean-Pierre Normant,
⤇ 3° Pierre-Marie Kerninon, né le 16 septembre 1848 à Plogoff,
⤇ 4° Joachim-Marie Coz, né le 19 juillet 1862 à Primelin, tous les quatre domiciliés à Plogoff.
Vers minuit la mer devint de plus en plus mauvaise et le canot embarqua plusieurs fortes lames ; à un moment donné une plus haute lame remplit le bateau et le fit couler. Les quatre hommes qui le montaient se trouvaient alors à l'eau, par nuit noire. Kerninon et Coz ne savaient pas nager ; ils se retinrent à un mât qui flottait et purent surnager ainsi un moment, puis la fatigue les lit céder et ils disparurent dans les flots.
Le tribunal a déclaré constat en mer à la date du 22 septembre 1894, le décès :
⤇ 1° de Pierre-Marie Kerninon,
⤇ 2° de Joachim-Marie Coz
et ordonné la transcription du jugement sur les registres de décès des communes de Plogoff et Primelin, derniers domiciles des naufragés.
Le Courrier du Finistère, samedi 4 janvier 1896
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !
