Plœmeur

Légende locale

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 Plœmeur: A Lomener en Ploemeur
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■ Ar Moraer marv

À Plœmeur ou ailleurs, elle eut son heure de gloire et, lors des veillées, anima certainement les soirées.

Le conteur n'hésitait pas à se lancer dans des improvisations, il brodait, déformait, virevoletait au gré de son imagination pour créer un spectacle unique.

Assis près de la cheminée, jetant des herbes au feu, il faisait naître des flammes colorées et parfumées ; créant son et lumières d'antan, il y rajoutait les parfums.

Passant à Plœmeur, vous vous souviendrez peut-être de cette légende.


Plœmeur

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  • FrançaisPlœmeur
  • BrezhonegPlañwour
    ( Breton )
  • Population17 778
    GentiléPlœmeurois
  • Superficie39,72 km²
  • Densité447.58 /km²
  • Latitude47° 44 '12" N°
    Longitude3° 26 '34" W°
  • Latitude47.736787°
    Longitude-3.426219°
  • Plœmeur61 pages


Rue Bric et Brac

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Tver: La ville avant 1914

 ⌘ Ar Moraer marv - Le marin mort

À une époque où la télévision n'était pas le centre du foyer....

Autrefois...
Il y a bien longtemps...
C'était vers 1730, peut-être vers 1750, mais bien avant la Grande Révolution...

À l'époque, de grands vaisseaux, toutes voiles tendues sous l'effort des vents, fendaient mers et océans à la conquête de nouveaux horizons.

Comme il en arrive régulièrement, une tempête océane se déchaîna sur les côtes bretonnes. Les rafales étaient si violentes que les toitures des chaumières de Kerroc'h gémissaient sous les poussées du vent. Les arbres, rares en cet endroit de landes brûlées d'air marin, craquaient et tombaient dans un fracas noyé de bourrasques. Les marins de Kerroc'h, dont beaucoup avaient sillonné les mers et souffert de ces colères maritimes, se mettaient à implorer Dieu et pensaient à ces autres forçats d'océans prisonniers des tourments. Depuis le début de la tempête, leurs femmes, espérant, récitaient chapelets et prières avec des frayeurs si puissantes qu'elles en étaient palpables.

Parfois, la bourrasque était si violente que les cheminées sonnaient d'un son grave appelant à la tombe.

L'Ankou, la Mort chez les bretons, rôdait sur les côtes. Ar Gwrac'h, cette vieille femme qui savait lire les intersignes, l'avait annoncé de sa voix fatiguée:

- Nous aurons un mort cette nuit...

Ar Gwrac'h ne se trompait jamais !

Les vaisseaux, suffisamment chanceux, avaient, sans doute, réussi à rejoindre l'abri d'un port comme Lorient ou Brest. Les plus malheureux devaient être à cape sèche ; malheur aux matelots de pont.

Doué d'ho fardonno - Dieu leur pardonnera...

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Plœmeur: Dans la tourmente

Cette nuit de tourmente se passa entre les dévotions et les pleurs des enfants. Aux aurores, les éléments, épuisés par cette nuit de lutte, se calmèrent brutalement.

Après chaque tempête, en ces temps difficiles et partout dans le monde, les habitants des côtes allaient sur les grêves à la recherche d'épaves ; Kerroc'h n'y échappait pas. Les habitants commencèrent à scruter plage et rochers brutalement battus par les flots. Leur tristesse fut bien grande d'apercevoir un corps déchiqueté et balloté par les vagues.

Le corps avait terriblement souffert des éléments et l'homme, s'agrippant sans doute à quelques bois flottant, avait lutté pour sa vie ; ses ongles en étaient arrachés. Il portait encore quelques vêtements de matelot ; une de ses bottes flottait, proche.

Le marin était inconnu de tous et tous se demandaient d'où venait cet homme...

En ces temps d'Ancien Régime, il ne fallait badiner ni avec choses de religion, ni avec la mort: ils portèrent le corps au-dessus de la laisse, à l'abri de ces tourments marins qui avaient encore tué. Ils posèrent le corps sur les dunes, celles que vous voyez encore, ruinées par la civilisation ; elles surplombent cette plage de Kerroc'h qui est maintenant aux bains de mer. Son linceul ne fut qu'une de ces solide toile de mer dont on faisait les voiles et ils ligotèrent le corps avec ces chutes de bouts dont les marins trouvent toujours bon usage.

Laisser ce malheureux exposé aux éléments était inconcevable et, bien vite, se posa la difficile question de la sépulture à donner à cette âme. D'accord général, tous voulaient l'enterrer au cimetière, avec les autres marins, avec les autres habitants de Kerroc'h, avec ces âmes trouvant les portes et le repos du ciel ; comme on aimerait voir enterré, qui son frère, qui son mari ou qui son père...

Le problème de la religion du naufragé se posa alors ; tous se demandèrent s'il était possible d'enterrer ce marin dans l'enceinte sacrée, dans cette enceinte consacrée de Dieu et ceinturant l'église, cette enceinte où tout bon chrétien à place réservée, s'il ne meurt en mer...

Tous avaient vu le mort. Il était brun de peau, très brun. Il rappellait ces barbaresques avec qui le Roi Louis ne cessait de combattre, ceux qui ne cessaient de capturer des équipages, ceux qui les transformaient en esclaves, qui les vendaient sur ces marchés orientaux largement achalandés de ces pauvres et désespérés marins capturés.
Que faire ?

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Plœmeur: Kerroc'h sous la tempête

La question nous semble maintenant simple. À cette époque elle était de la plus haute importance.

Si le marin était musulman ou, pire encore, s'il était païen, c'était péché mortel que de l'enterrer en terre chrétienne et pour toute la communauté cela signifiait châtiment éternel dans les flammes de cet Enfer que le curé décrivait si bien, avec tant de précisions et tant de détails, que certains chuchotaient qu'il en avait été pensionnaire avant d'être muté dans ce lieu désolé sur ordre d'en haut ; sans doute en punition de quelques fautes inavouables...

Et si ce marin était chrétien ?...
Ne pas l'enterrer dans l'enceinte du cimetière, ou le laisser sans sacrements, était puni d'une peine identique. Toute la communauté se retrouverait alors à rôtir, chez ce Diable qui, s'il se faisait souvent rouler quand il venait sur terre de Bretagne, n'en n'était pas moins terrible quand il ouvrait les portes de ses Enfers...

Les habitants étaient atterrés. Dans tous les cas ils tâteraient de la damnation éternelle...

Chacun voulant imposer son avis et dans l'incapacité de trancher, le recteur décida d'enterrer ce malheureux sur la dune, près de la plage de Kerroc'h ; là où il avait été trouvé. Pour tenter d'apaiser l'âme du défunt, il lui administra les derniers sacrements mais refusa l'enterrement au cimetière ; il ne faut pas en faire de trop quand même !

C'est plus tard que l'on se rendit compte qu'une personne fleurissait la tombe régulièrement. Quelques enfants racontèrent avoir vu Ar Gwrac'h déposer régulièrement des fleurs sur la tombe et à la mémoire du marin mort. Ils racontèrent aussi qu'elle lui parlait, au mort, et enjoignait à son âme de quitter le rivage, pour rentrer au pays.

Avec le temps, Ar Gwrac'h aussi est morte ; le marin est resté sur la dune de Kerroc'h. Son âme cherche encore le repos et, lors des jours de tempête, à Kerroc'h, mais seulement si vous savez écouter, vous pourrez entendre son âme gémissant dans les vents.

Pendant vos vacances à Plœmeur, si vous allez sur la plage de Kerroc'h, ayez une pensée pour ce marin sans nom. Il vous en sera gré. Sa tombe s'est maintenant effacée dans les sables de l'oubli mais il est toujours là ; ne l'oubliez pas !

Source: Mémoires de Famille - C. Le Bellec - Textes déposés - Tous droits réservés pour tous pays. Ce conte prend source suite à fait et naufrage réel sur la côte de Plœmeur.