Les passages en douane peuvent être soporifiques, irritants, risqués - cela concerne les mauvais éléments, ou parfois plein d'amusantes surprises.
Volant de Paris à Moscou via Аэрофлот - Aéroflot - compagnie aérienne qui m'a toujours donné entière satisfaction - ainsi qu'aux miens, vous atterrissez à Международный аэропорт Шереметьево имени Александра Сергеевича Пушкина ou, pour utiliser la langue invasive, Sheremetyevo International Airport...
Cet aéroport, le plus grand de Russie, est situé au nord de Moscou, dans le district éponyme.
Construit en 1953 à titre d'aérodrome militaire, il est transféré à l'aviation civile et connait alors un développement important. Moderne, voyant 6 terminaux, plaisant, bien équipé, il est renommé en l'honneur d'Alexandre Sergueïevitch Pouchkine en 2018.
Régulièrement il m'est obligé de passer par Moscou pour raisons familiales et, n'y venant pas à pied mais en avion, le passage à Chérémétiévo est incontournable.
Cette année-là, mon beau-père souffrant, ma femme me demanda de venir avec un certain nombre de médicaments pour pouvoir le soigner. Je préparai donc le havresac, y plaçai les vêtements nécessaires, quelques bouteilles de vin, bien protégées, et autres objets devant voyager en soute. Comme à l'habitude, je pris un bagage pouvant loger en cabine et y plaçai une tenue de rechange - au cas où, le matériel photographique, et le stock de médicaments demandés.
Souhaitant faire plaisir à ma famille et amis en leur proposant un repas de pain, vin et fromages-salade, je me rendis chez mon fromager habituel quelques semaines avant le décollage et lui demandai de me préparer un large choix de fromages: des fromages divers et variés pour le jour précédant ce départ.
Connaissant mes habitudes, mes goûts, et en fromager appliqué, ce brave homme prépara une belle variété de nos fromages de France allant du plus parfumé au plus délicat, en passant par toutes les nuances de textures possibles et inimaginables.
Chaque fromage, bien emballé, était numéroté et nommé pour respecter l'ordre de consommation. Il y avait des pâtes crues et des pâtes cuites, des croûtes fleuries, des croûtes lavées et des croûtes naturelles, des onctieux et non. Une trentaine de fromages composait ce plateau royal - ce qui pesait son poids mais grande famille et amis nombreux oblige !
Je comptai donc, et entre autre, un Vieux Boulogne, un Époisse, un Pont-l'Évêque, un Livarot, du Roquefort, du Camembert, du Beaufort, des morceaux de tommes diverses, et ceux que j'ai oublié.
Bien sûr, triple sac blindé à toute épreuve !
Aéroport Charles de Gaulle, douane, décollage et vol sans histoire composèrent la première partie de ce voyage. L'hôtesse annonça bientôt que nous descendions et allions nous poser à Moscou.
Atterrissage, autorisation de débarquer, et tout le monde se lève puis se précipite vers ses affaires pour poireauter dans l'allée centrale en pensant sortir plus rapidement...
Laissons-les sortir en leur cohue et restons confortablement assis à attendre que les allées dégorgent...
Le dernier, certes, mais pas plus tard que l'avant-dernier, je quittai l'avion puis arrivai au contrôle douanier ; c'était une femme...
Les hommes - s'ils sont encore de sexe masculin, regardent toujours les femmes, et surtout leurs silhouettes ; je n'y dérogeai pas et la regardai donc.
Comme vous brûlez de curiosité, je peux vous la décrire comme un modèle cubique - 1,70 x 1,70 x 1,70, à quelques centimètres près, uniforme sanglé et épaulettes galonnées, pète-sêche - mais tout douanier féminin sérieux se doit de l'être. La queue n'étant pas trop longue, arrive mon tour.