■ Spêzet contre Landeleau ou la contagion des coups de poing !
Landeleau, 10 mai - Le samedi 30 avril, jour de la foire à Landeleau, deux garçons de ferme, l'un de Spézet, l'autre de Landeleau, avaient fait de copieuses libations. Ils sortaient, vers six heures du soir, d'un débit où ils venaient de trinquer une dernière fois, lorsqu'ils se prirent de querelle.
Les voilà s'administrant à qui mieux mieux coups de pied et coups de poing. Mais pendant qu'ils se font ces politesses mutuelles, arrive un troisième personnage qui se met à frapper consciencieusement à coups de trique sur l'habitant de Spézet.
Plusieurs personnes, témoins du fait, se précipitent pour séparer les lutteurs. La foule s'amasse, mais au lieu de mettre fin au combat, elle est prise, elle aussi, d'une belle ardeur belliqueuse.
Hommes, femmes, enfants s'arment de bâtons et se divisent en deux camps: d'un côté les gens de Spézet, de l'autre ceux de Landeleau.
M. le maire, prévenu, intervient au moment où la lutte est la plus terrible...
Aussitôt vingt bras armés de triques et de cailloux se lèvent sur le magistrat municipal...
Heureusement on se borne au geste, on se contente de lui adresser quelques paroles malsonnantes et de le bousculer un peu violemment.
Mais enfin le dernier mot reste à l'autorité et les lutteurs se dispersent.
Le lendemain, nous écrit un témoin de cette bagarre, la route de Spézet portait des traces de sang sur le parcours de plus d'un kilomètre.
La Dépèche de Brest - 15 mai 1887
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !