■ Échouage d'un poisson cétacé
Kerlouan, 24 septembre - Le 6 de ce mois un poisson cétacé fut trouvé sur la côte de Guissigny et traîné sur celle de Kerlouan par les habitants de cette commune, dans le lieu dit Porzh-Laer. Ce poisson était le cachalot cylindrique de Bonaterre, ou le Physalus cylindricus décrit par M. de Lacépède. II avait vingt-deux mètres de longueur, et cinq mètres de diamètre. C'était une femelle pleine et ayant un fœtus de trois mètres. Elle n'avait point de nageoire dorsale selon le caractère de son espèce.
Un pharmacien de la marine a été envoyé sur les lieux par ordre du préfet maritime mais il est arrivé trop tard ; les habitants s'étaient déjà partagé cet énorme poisson.
Après beaucoup d'efforts et de recherches autorisées par le maire de Kerlouan, le pharmacien a recueilli une vertèbre entière, un morceau de mâchoire inférieure, une côte, trois morceaux de crâne, deux dents à racines piriformes et sans émail qui prouvent que ce poisson n'est pas du genre des baleines mais bien de celui des cachalots.
Les habitants riverains auraient du se rappeler que les objets d'une valeur réelle que la mer jette sur le rivage appartiennent au gouvernement et aureient d'abord devoir de prévenir les autorités locales ; celles-ci, par les soins qu'elles auraient pris sans douté, auroient conservé ce poisson, qui disséqué par les gens de l'art eût fourni un squelette étonnant par sa beauté et son étendue. C'eût été peut-être l'unique en ce genre et il eût enrichi le cabinet d'histoire naturelle de ce port, et même celui de Paris.
LE JOURNAL DE L'EMPIRE - 30 septembre 1809
Suspension du maire
Kerlouan, 10 juillet - Le Maire de Kerlouan, département du Finistère, a été suspendu de ses fonctions, pour avoir prescrit la fermeture des débits de boisson de sa commune pendant les offices religieux.
LE JOURNAL DE SÉTIF - 12 juillet 1883
Vol d'épave
Kerlouan, 10 juillet - Par jugemement en date du 9 juillet 1886, et par application des articles 52, 55, 401, 463 du Code pénal et 194 du Code d'instruction criminelle, le tribunal correctionnel de Brest a condamné, pour vol d'épaves, le nommé Abiven François, commissionnaire à Kerlouan, à 8 jours de prison.
LE JOURNAL DE LA GENDARMERIE - 28 août 1886
Incendie volontaire
Kerlouan, 29 juillet - Dans la nuit, du 21 au 22 février 1888, vers une heure du matin, un incendie se déclarait au Minioc, en Kerlouan, département du Finistère, dans un corps de bâtiment composé d'une grange, d'une écurie et de leurs dépendances, immeuble ayant appartenu à Abiven mais exproprié sur lui et adjugé, en novembre 1887, aux frères Jak de Kerlouan. De son habitation contigue aux bâtiments incendiés, on vit Abiven sortir tout habillé et complètement insoucieux de la conflagration imminente de son logis et de ses meubles.
La raison de celle quiétude était d'ailleurs connue de plusieurs témoins. Ils avaient en effet entendu Abiven supputant philosophiquement, quelques jours auparavant, avec son beau-frère, le meilleur emploi de l'indemnité à percevoir par suite de la continuation du paiement de la prime sur une police en son nom.
La réputation d'Aviben est détestable. Il a encouru maintes condamnations.
Abiven, déclaré coupable d'incendie volontaire d'édifices non habités et ne servant point à l'habitation, a été condamné à cinq ans de travaux forcés par la cour d'assises du Finistère, le 7 juillet.
L'ARGUS - 29 juillet 1888
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !