Les intersignes, Sinadoù en breton, sont des signes que seuls peuvent voir ceux qui ont un don pour les voir. Les Sinadoù ne prédisent qu'un seul futur: celui de la Mort des autres. Pouvoir les ressentir, les discerner, les voir, ne permet pas de connaître les numéros du loto ou autres bonnes nouvelles. Les Sinadoù sont une ombre projetée vers l'avant qui prévient de la Mort de proches, amis ou relations. Les Sinadoù du matin informent d'une mort dans les huit jours. Plus l'intersigne est vu de bon matin, plus la mort est proche. Passé midi, les intersignes prédisent mort dans les 12 mois à venir.
Ces informations ne sont valables que si vous avez le pouvoir.
Vous avez trois manières de savoir si vous avez le pouvoir:
1 ⤇ Au petit matin, vous avez discerné un intersigne et une personne de votre entourage ou connaissance est morte dans les 8 jours: il est très sûr que vous avez le pouvoir de voir les intersignes...
2 ⤇ Passé midi et avant le coucher du soleil, vous avez discerné un intersigne et une personne, proche ou connaissance, est morte dans les 12 mois venus: il est fort probable que vous ayez le pouvoir de lire les intersignes...
3 ⤇ Au détour d'un chemin, ou au cœur d'une ville moderne, un vieux breton ou vieille bretonne vous montre du doigt et dit aux autres en breton: Hennezh, en deus ar C'halloud ! - Celui-là, il a le pouvoir !
Cette personne, ayant elle-même le pouvoir de discerner les intersignes, vous a reconnu comme tel ou telle...
Certaines personnes sont prédisposées à avoir le don de vision des Sinadoù. Les plus connus sont les nouveaux-nés qui sont passés à l'église pour être baptisés et sont ressortis sans avoir été baptisés. En voici l'exemple type et véridique:
Un enfant vient de naître et, mortalité infantile faisant, la parenté doit se dépêcher de faire baptiser l'enfant et le sauver du péché originel. Immédiatement, le père, ou un membre de la famille, s'est rendu chez le recteur - le curé de la paroisse en Bretagne, et lui a demandé de baptiser l'enfant. L'heure a été fixée par le prêtre.
Les montres et téléphones portables qui servent plus à lire qu'à téléphoner n'étant pas toujours fonctionnels, surtout avant leur invention, les personnes arrivent souvent en retard: le parrain et la marraine restent baguenauder, ensemble ou séparément ; le père a trouvé des copains sur le chemin et est passé à la taverne fêter la naissance de son enfant ; les oncles et tantes vaquant à autres occupations n'ont pas regardé l'heure, etc...
Bref !
Nombreuses sont les arrivées tardives, si tardives, que le recteur, fatigué d'attendre et appelé à d'autre sacerdoce a quitté l'église.
La famille arrive enfin, accompagnée de la Gwrac'h an holen - la vieille dame au sel, la matrone mais maintenant nous disons sage-femme. Après avoir traversé le cimetière entourant l'église, tout le monde rentre dans le lieu sacré puis, recteur absent, se retrouve sous le porche à attendre le retour du baptiseur.
En Bretagne, les porches sont toujours ventés et, pluie faisant, l'air y est bien humide ; cela met la vie du nouveau-né en péril. Tout le monde part alors bien au chaud vider quelques chopines au cabaret voisin et attend joyeusement le retour du religieux qui, si besoin, sait où aller chercher ses ouailles !
Cet enfant passé par le cimetière, terre sanctifiée ; rentré dans l'église, lieu sacré ; sorti en retraversant le cimetière sans avoir été baptisé a toujours le don de vision.
Beaucoup de gens ont le don de vision en Bretagne ; c'est un fait certain qui n'a besoin d'être scientifiquement prouvé. Ne vous lamentez pas, dans les autres régions du monde et pour raisons identiques, multiples personnes ont don identique, ou différent ; quelle que soit la religion !
