La commune de Île de Batz compte 1,177 habitants. Sa superficie est de 307 hectares. Ses revenus annuels s'élèvent à 1,775 francs.
L'histoire de l'Île de Batz, dont le nom joue un grand rôle dans les légendes bretonnes, ne présente aucune particularité intéressante, si ce n'est l'existence, au moyen-âge, d'un monastère dont il ne reste plus de traces. L'Île de Batz, dit la légende, doit son nom - Enez-Bazh, île du baton - à saint Pol, qui y fit jaillir une fontaine en fichant son bourdon en terre. Cette fontaine, que la mer recouvre à chaque marée, fournit une eau limpide, qui ne conserve aucun goût saumâtre.
L'île de Batz s'étend en face et au nord-ouest du promontoire de Roscoff, dont elle est séparée par un canal d'environ 2,000 mètres de largeur, déjà mentionné, et qui, dit-on, offre, chaque année, un gué praticable - pendant un quart-d'heure seulement; elle a 3,500 mètres de longueur, de l'est à l'ouest, sur 880 mètres de largeur moyenne; sa configuration est assez uniforme, ses côtes, très rocheuses et capricieusement découpées, sont formées de falaises granitiques escarpées. Au nord, les bancs de rochers s'étendent sur plus d'un kilomètre au large et interdisent absolument, de ce côté, l'abord du rivage ; son port, dont les accès sont bien balisés, s'ouvre au sud-est et est formé par l'anse de Kernoc, qu'abrite une jetée de 521 mètres de longueur, qui a été terminée en 1851 ; on y trouve, en pleine mer de vive eau ordinaire, des profondeurs de 6 mètres, qui en permettent l'entrée à des navires d'un assez fort tonnage.
Le commerce est à peu près nul à l'Île de Batz, dont tous les hommes sont marins ou font la pèche; ils s'adonnent surtout à celle du goémon de rive, particulièrement abondant sur ce point, les travaux de culture sont ordinairement faits par les femmes.
Le port de l'île a eu autrefois une assez grande importance commerciale; ce n'est plus aujourd'hui qu'un port de refuge qui ne reçoit, chaque année, qu'une centaine de bâtiments relâcheurs. Un phare de premier ordre, à éclipses de minute en minute, a été construit sur un monticule de la partie ouest de l'île et allumé en 1836 ; sa portée lumineuse est de 27 milles.
On conserve dans l'église paroissiale de l'Île de Batz, l'étole de saint Pol, tissu byzantin en soie, présentant sur un fond bleu broché de blanc et de jaune, une suite de cavaliers coiffés d'un turban et tenant un faucon sur le poing avec un chien entre les jambes de chaque cheval. C'est sans doute, le plus ancien spécimen d'ornement sacerdotal qui existe en Bretagne. L'ancienne chapelle du Penily est aujourd'hui ruinée et en partie ensablée. Près de cette chapelle, qui doit dater des premiers temps du christianisme, on voit un dolmen sur lequel est implantée une croix. Un menhir de 2 mètres de hauteur existe sur la route qui y conduite.
Sur le bord du rivage est un amas de rochers élevés, portant le nom de Toul-ar-Sarpant - le trou du serpent. D'après la tradition, ce serait du haut de ce rocher que saint Pol précipita dans la mer le dragon qui infestait le pays.
L'Île de Batz, qui forme une commune du canton de Saint-Pol-de-Léon, est la partie du célèbre pilote Tréminlin, compagnon de l'héroïque Bisson. Tréminlin fut le seul survivant de l'équipage du Payanoti. Pour le récompenser, le Gouvernement français le nomma chevalier de la Légion d'Honneur et lui conféra le grade d'enseigne de vaisseau, qu'il conserva jusqu'à sa mort.
La Bretagne maritime - Année 1889