■ Drapeau royaliste
Guénin, 18 juillet - L'assemblée de Maneguen a vu un fait plus grave par les manœuvres qu'il décèle et les circonstances dans lesquelles il se produit que par son importance en lui-même.
Les gendarmes, chargés de maintenir l'ordre dans l'asseblée, aperçurent en arrivant sur les lieux un drapeau blanc qui flottait en haut d'un arbre près de la chapelle. Ils s'mpressèrent d'en avertir le maire qui donna l'ordre de le descendre. Personne ne voulant se charger de cette opération, le gendarme Lambert, armé d'un herminette, monta dans l'arbre. et sur ordre du maire, l'abattit à sept mètres du sol.
Pendant ce travail, une grande quantité de pierres furent lancées contre lui et l'une d'elles le blessa à la jambe droite.
Près de mille personnes étaient réunies en ce moment sur les lieux où il n'y avait que cinq gendarmes. Des cris et appels à Henri V° se font entendre et quelques-uns ajoutaient: Mort aux gendarmes ; mais ceux-ci ont fait bonne contenance et le drapeau a été abattu.
Au milieu du drapeau, était écrit sur un papier: Mes très chers Frères, soyons toujours fidèles au Prince Henri V°. N'oublions pas notre jeune Prince ; celui qui doit monter sur le trône..
Le drapeau et l'inscription ont été déposées au parquet du Procureur de Roi.
LE MORBIHAN - 24 juillet 1841
Fait déplorable
Guénin, 19 juillet - Un fait déplorable et qui montre jusqu'où l'esprit de parti peut pousser certains à l'aveuglement de la haine et la vengeance, a eu lieu dans la commune de Guénin.
Samedi 19 juillet, pendant que les brigades de gendarmerie étaient retenues à Locminé par la revue de l'inspecteur général, un drapeau blanc a été placé en haut d'un arbre, sur la montagne du Maneguen. Des paysans se sont rassemblés et dansaient autour l'arbre ; lorsque M. Riou, vicaire de Guénin, passant par-là, leur fit des représentations et les engagea à descendre le drapeau dans la crainte d'une collision ; il offrit même de payer à boire à celui qui irait dans l'arbre.
Personne ne se présentant, M. Riou, dans l'intérêt de la paix et du bon ordre, se décida à monter lui-même. On le laissa faire et personne ne le prévint de l'affreux guet-apens qui l'attendait. En effet, la branche à l'extrémité de laquelle était arboré le drapeau, avait été sciée de manière à faire tomber immanquablement celui qui se risquerait à l'aller chercher.
M. Riou est effectivement tombé ; dans sa chute, il a été assez heureux pour ne se blesser qu'une jambe, un pouce et un peu la figure. Les auteurs de ce crime sont encore inconnus ; mais un parti qui ne se manifeste que par se semblables actions n'est-il pas irrévocablement jugé ?
LE MORBIHAN - 26 juillet 1845
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !