En 1948, l'exploration de l'Aven du Caladaïre, aussi connu sous le nom de Gouffre du Caladaïre, nécessita de gros moyens techniques et les spéléologues sortirent le matériel lourd pour se lancer dans cette expédition remarquable et mémorable. L'expédition connut belle et internationale renommée ; le préfet du département se déplaça pour s'entretenir par téléphone avec les membres de l'expédition.
Deux treuils à bras équipés de forts cables furent utilisés pour assurer les descentes et remontées, aussi bien celles des hommes que celles du matériel. Avant toutes descentes, les équipes descendirent 1,5 tonne de matériel, imposant 20 heures de treuillage aux équipes préposées aux manivelles. Ayant amené 430 mètres d'échelles en duralumin, ils en installèrent 110 mètres facilitant certains passages.
Trois kilomètres de cablages téléphoniques de campagne furent installés et furent reliés à 10 combinés. Ils permettaient contacts téléphoniques entre l'aven et le village de Montsalier ; les préposés aux Postes et Télégraphes furent engagés à plein temps. En outre, deux haut-parleurs séparés de 400 mètres furent installés ; ils diffusaient les nouvelles du fond régulièrement.
Le gouffre voit une température constante de 11 à 12 degrés.
Comme le rapporte un des spéléologues:
⤇ Je suis descendu dans le premier puit. C'est une mauvaise impression. Le cable du treuil de surface vous fait glisser une dizaine de mètres au milieu de parois sévères et droites qui ressemblent à du verre dépoli - le puit Audibert.
Une chatière et vous voila suspendu à 60 mètres dans le vide. Les parois se mettent à tourner, lentement d'abord, puis de plus en plus vite. Sur le casque où il est fixé, votre photophore fait entendre un long sifflement. Vous tournez toujours, mais dans l'autre sens ; pendant ce temps, le câble se déroule par à-coups. Là-haut, les spirales doivent toujours sauter l'une dans l'autre comme les roues d'une charrette dans l'ornière. Le photophore fait du bruit, le câble se contorsionne et se détend..
Déjà, en bas, à pied d'œuvre, les photographes répandent, en votre honneur, un encens au magnésium dont l'éclat est fulgurant mais dont la fumée est insupportable. Enfin, me voilà sur le sol, et la paroi de verre dépoli met un instant à se remettre au garde-à-vous autour de moi.
C'est le dimanche, à 15h30 que Lenain et Barone s'élancèrent vers le fond. Ils ne l'atteinrent - côte -113, que 10 heures plus tard. Ils avaient emprunté un puit de 95 mètres au bas duquel s'ammmorçait une galerie diagonale et tourmentée ; ses crans étant coupés de cascades et de puits. Ils avaient traversé une grande salle, qu'ils surnommèrent la Salle à manger.
Les pires difficultés attendaient les explorateurs et ils durent s'engager dans un puit de 60 mètres totalement obstrué ; Lenain et Barone s'y engagèrent résolument. Plusieurs heures de recherches furent nécéssaires pour pouvoir trouver un chemin: ils remontèrent le puit sur 40 mètres et découvrirent une châtière ouvrant sur un chemin argileux orienté vers le sud. Donnons la parole à jean Marty:
⤇ Ce fut le moment le plus pénible pour moi. Il y avait très longtemps que nous n'avions bu ou mangé et l'eau manquait dans nos lampes ; nous les avons remplies par les moyens que vous devinez. Une terrible humidité nous enveloppait et pesait lourdement sur nous. Nous progressions dans une galerie tantôt large, tantôt extraordinairement étranglée. Parfois, de brusques appels d'air nous glaçaient. Les flammes de nos photophores se mettaient soudainement à danser comme langues de serpents. Il fallait franchir puits après puits. Bref, la fatigue devenait telle que je confondis une petite nappe d'eau avec un lac ; et le découragement nous saisit de nouveau.
Cela n'était qu'illusion et le réseau hydrologique était bien vivant : le niveau parcouru du ruisseau avait bien été trouvé. Il est marqué par de brusques élargissements du monde souterrain. Ce sont des salles immenses où la voix retentit avec une sonorité extraordinaire. La lueur des photophores s'y dilue. Les puits sondésà l'aide de cailloux paraissent atteindre des profondeurs de 30 à 40 mètres. Le dernier au bord duquel parvinrent les spéléologues fut illuminé par une fusée éclairante ; il parut immense.
Le dernier des 450 mètres d'échelle ayant été employé, l'équipe épuisée, les dernières forces disparues, les spéléologues se décidèrent à remonter.
À minuit, Barone et Lenain donnèrent l'ordre du retour...