Il nous est impossible de dater les première occupations du site de Briançon mais néanmoins possible de situer le premier lieu d'implantation semblant s'être situé à l'emplacement de l'actuel château ; endroit idéal pour construite un éperon barré ; le village dut apparaître au pied de cet éperon, actuellement centre-ville.
Il est amusant de noter que certains anciens faisaient de cette population des descendants directs de Grecs venus de Gaule Cisalpine, partie italienne de la Gaule s'étendant du Piémont au fleuve Rubicon. D'autres auteurs voulurent y voir des descendants de l'armée de Brennus ou Bellovèse. Il est, par contre, certitude, que la région faisait partie du Royaume de Cottius, anciennement connu sous le nom de Terre de Donnas. Ce petit royaume, occupant terres alpines, était une confédération ce peuples celtes dont la capitale était Suse en Piémont italien actuel ; il comprenait approximativement 14 peuples englobant la Vésubie, le Val de Suze, la Tinée, l'Ubaye, la vallée de l'Avance et de haute-Durance et les Écrins jusqu'en Maurienne. Ce royaume laissera toponyme avec les Alpes Cottiennes, en région du Mont Cenis.
Nous retrouvons très tôt Briançon sur les différents itinéraires antiques sous la forme Mansio Brigantium ; les voyageurs traversant les Alpes s'y arrêtaient à l'aller ou au retour pour quelque repos bien mérité. Un marbre gravé rémployé sur la porte du château nous cite un Parridius, fils de Parrio et Venna, marié à Tittonia et père de 2 enfants.
Le château actuel date des années 1840-1850, et fut construit après la destruction de l'ancien donjon et tours en 1841. Il semble que le quartier de Castres, actuellement rue de Castres, était protégé de murs et représentait le cœur du bourg ; l'actuelle ville basse naissant au cours des années par croissance de la population et localisation à l'abri des vents descendant des reliefs.
Comme toutes villes, Briançon se protégea de murailles ; le faux-bourg restant à l'extérieur de l'enceinte. Vers 1563, les troubles religieux virent ces espaces détruits sur ordre du gouverneur ; cela permettant de mieux protéger le château.
Il semble que le château antique était doté de trois tours. Chaque tour protégeait une des directions d'accès à Briançon ; à savoir la route de Montgenèvre, la route du Lautaret et celle de Gap. Ce premier château fut détruit et ses pierres servirent aux nouveaux édifices.
Briançon fut toujours protégé de son château-fort, oppidum ou autre. Ses murailles ne furent construite qu'avec le développement du bourg.
Quand furent-elles construites ?
Nul ne peut l'affirmer, sauf à dire que ces murailles étaient existantes du temps des Dauphins de Viennois ; cela étant confirmé dans une description datée du 28 mai 1339. En 1370, il semble que les murailles étaient mal en point et la ville travailla à les relever de 1370 à 1395 ; le financement fut assuré par un impôt sur les vins.
La raison de ces grands travaux de protection furent longtemps laissés à l'état de projet car les coûts imposés par ces grands travaux étaient très lourds. Les ravages et dépréciations des provençaux à Embrun, Guillestre et le Queyras firent immédiatement remonter le dossier sur le haut de la pile.
L'enceinte fortifiée de Briançon, reconstruite sous le règne de Charles VI°, paraît avoir conservé sa physionomie, sans changements notables jusqu'à la fin du XVII° siècle. En 1544, cette enceinte était percée de trois portes, que l'on désignait sous les noms de porte supérieure ou de la cime de ville, porte méane ou du milieu, porte inférieure ou du pied de ville.
En 1586 et 1588, pendant les guerres de religion, les murailles et fortifications du château et de la ville furent réparées, à plusieurs reprises par les habitants. La dépense fut répartie comme à l'ordinaire sur les communautés composant l'Escarton. En septembre 1634, le capitaine Brocard, commandant pour le service du roi au château, ville et Escarton de Briançon, en l'absence du gouverneur, M. d'Aiguebonne, demanda de réparer les murailles rompues en deux endroits, le long du Barry, et de remettre les ponts-levis en bon-état, les portes, les corps de garde et dresser le rôle de tous les habitants de la ville et communauté afin qu'ils montent la garde en personne ; ceci sans exception d'aucun.
##### Le 2 octobre 1689, la France étant en guerre avec le duc de Savoie, les consuls de Briançon exposent au conseil que la ville avec ses murailles n'est pas suffisamment fortifiée « pour résister aux ennemis qui pourraient s'en emparer au grand préjudice du service du Roy et des habitants, comme aussi #####
##### 1 En 1362, Raoul de Louppy, gouverneur du Dauphiaé, avait aussi autorisé les habitants de Romans à lever, pendant plusieurs années, un impôt sur le vin, destiné aux fortifications. (E. Maignien , Bulletin de l'académie delphinale, 1880). #####
de ceux des communautés de l'Escarton qui . voudraient s'y réfugier ; qne lesdites communautés, par délibération du 27 septembre, se sont soumises à supporter la moitié de la dépense, au sujet des réparations, ensuite de quoi la ville a commencé à y faire travailler, suivant le devis dressé par M. d'Angrogne, ingénieur du Roy 1. »
Ces travaux consistaient à « fermer les jours et fenêtres visant hors de la ville, à réparer les brèches, à exhausser la muraille sur certains points, à ouvrir des canonnières, à faire des guérites, à boucher, les brèches de la fausse-braye du château, etc. » Les portes de la ville étaient en si mauvais état qu'il fut nécessaire de les refaire.
Le conseil nomma plusieurs commissaires pour faire exé- cuter et surveiller les travaux Les prix de journée furent ainsi fixés : « maître-maçon, 15 sols ; manoeuvre, 10 sols, ; le setier de sable, 6 liards. Au regard de la chaux, comme elle ne peut se faire que par la communauté des Villards qui a seule le charbon de pierre et les gens qui la savent faire, les sieurs inspecteurs nommés la feront faire et voiturer aux meilleures conditions possibles 2. »
Ces travaux pour réparer les fortifications parurent bientôt insuffisants : l'année suivante (juin 1690) M. d'Angrogne présenta un nouveau devis que les Briançonnais déclarèrent ne pouvoir exécuter faute de ressources, attendu que les passages et les logements continuels de troupes ont épuisé leurs denrées et leurs fourrages ; qu'ils ne trouvent ni ou- vriers, ni entrepreneurs, à cause de la levée qui a été faite pour la milice. Cependant, pour témoigner de leur bonne volonté, ils décidèrent que chaque habitant « fournira deux journées d'homme ou de bêtes, pour chaque livre de cadastre, et pour ceux qui n'ont pas la taillabilité, ils fourniront des journées à raison d'une journée de deux livres de cotisation sur le rôle de l'année ». Ils prient l'intendant qui leur a donné l'ordre d'exécuter le devis de l'ingénieur de leur donner « quelque moyen de vivre et de subsister, » pendant qu'ils feront ce travail ».
Dans le courant du mois d'août 1692, pendant que l'armée du duc de Savoie envahissait le Dauphiné, par le col de Vars, es ingénieurs militaires, dans l'intérêt de la défense, faisaient démolir le clocher, l'église et le presbytère de Briançon, qui étaient situés hors des murs, sur l'emplacement occupé actuel- lement par le cimetière. Le couvent de Récollets et les mai- sons du faubourg qui se trouvaient aussi hors de l'enceinte furent également démolis.
Il paraît que de 1689 jusqu'au mois de janvier 1692, date du second incendie général de Briançon, on ne se contenta pas de réparer les vieilles murailles de la ville, mais qu'on y construisit de nouveaux ouvrages. Nous lisons, en effet, dans le procès-verbal, dressé par les commissaires chargés de vérifier les dégâts causés par l'incendie, qu'il y avait des tours et des bastions. Les trois portes sont désignées dans ce document sous les noms de porte de Pignerol, porte Méane ou porté de France et porte de Provence. La porte Méane avait une tour où se trouvait un corps de garde.
Avant 1713, le Briançonnais s'étendait, dans la vallée de la Doire, jusqu'aux portes de Suze, et, dans celle du Cluson, jusqu'au Bec-Dauphin, près de Pérouse. Le traité d'Utrecht lui ayant enlevé la plus grande partie de son bailliage pour le donner au Piémont, en échange de la vallée de Barcelon- nette, Briançon devint une place frontière de première ligne, et le roi dut songer à y faire élever des fortifications que cette position rendait indispensables.
Ce fut donc dans les premières années du XVIIIe siècle que le célèbre Vauban donna à Briançon sa triple ceinture de remparts et fit construire les sept forts qui, jusqu'à nos jours, étaient plus que suffisants pour sa défense 1. Les progrès accomplis, depuis quelques années, dans l'art de la guerre, et spécialement dans l'attaque et la défense des places par des canons à longue portée, ont obligé le gouvernement de la République à faire construire à grands frais sur le sommet des montagnes qui environnent la place, de nouveaux forts et des redoutes qui ne sont pas encore terminées.
GOUVERNEURS. —Le château de Briançon était sous la garde d'un gouverneur qui avait le titre de châtelain ou de capitaine-châtelain. Primitivement, ce représentant de l'autorité du Dauphin exerçait, tout à la fois, des fonctions civiles, judiciaires et militaires. Plus tard, c'est-à-dire vers le XVe siècle, les fonctions de châtelain et celles de gouver- neur furent distinctes et exercées par des individus différents ; les attributions militaires furent exclusivement dévolues au gouverneur ou lieutenant du roi.
Voici une liste incomplète des gouverneurs du château et de la ville de Briançon, d'après les indications de divers auteurs 1 et d'après celles que nous avons puisées dans les archives municipales :
1053, Adda. —1073, Martin-Bernard. — 1259, Hugues de Mailles. — 1265-1270, Aymard 2. — 1312, Pierre d'Avallon. — 1315, Guigues de Morges. — 1336, Hugues d'Hures. — 1343, Guillaume Tardin. — 1357, Reymond de Morges. — 1390, Jean de Boissel, panetier du roi, bailly et châtelain. — 1399, Jean de Jouffrey, chambellan du roi », —1410, Guil- laume de Merillon, bailly et châtelain. — 1414, Joffrey d'Arces. — 1570, Jean Borel de La Cazette, nommé par de Gordes. — 4571, Aymard de Clermont-Chatte-Gessans. — 1574, Georges de Ferrus, capitaine d'une compagnie de gens de pied. — 1580, Humbert de Bourrelon, seigneur de Mures. — 1586, Pierre d'Hostun-Claveyson.— 1587, des Crottes, nommé par Maugiron ; il avait quitté le parti protestant.— 1588, Pierre d'Hostun-Claveyson, qui conserva ses fonc----
############## 1 » On trouve son nom dans une lettre du cardinal d'Ostie à Melchior, son successeur sur le siège archiépiscopal d'Embrun.
La famille de Jouffrey était originaire de la ville de Briançon et descendait de Jean de Jouffrey, qui vivait en 1313. Quelques-uns de ses descendants firent des actes de dérogeance. Antoine de Jouffrey, con- seiller du roi et lieutenant particulier à Briançon, obtint des lettres de réhabilitation, données par Henri IV le 11 février 1596. Cette famille forma deux branches, dont l'une s'établit à Grenoble et l'autre à Sisteron, en Provence. (Etat de la Provence dans sa nobleese, par R. D. B.) ##############
---tions de gouverneur, après la prise de Briançon par Lesdi- guières, en 1590, — 1591-1628, Annibal d'Astres, gentil- homme ordinaire de la chambre du roi 1.— 1628, François d'Urre, baron d'Aiguebonne 2.— 1659 et 1660, François Prat ; son nom se trouve dans des actes publics où il est désigné avec le titre de « hujus urbis et castri gubernator. » — 1684, Henri de Marnais, seigneur de St-André ; il était en même temps gouverneur de Vienne. — 1699, Louis du Faure, seigneur de St-Silvestre, marquis de Satillieu. — 1703, du Verdier.—1724, d'Argenson, brigadier d'infan- terie. — 1733, de Vérot ; il se retire en 1740.— 1740, de Gaudouin, lieutenant-colonel du régiment de Nivernais. — 1746, de Riveri, brigadier d'infanterie, lieutenant-colonel du régiment d'Anjou ; meurt au bout de quelques mois. — 1746, d'Audiffret, lieutenant-colonel du régiment des gardes lorrai- nes3.—1778 Jean-Charles-Ardouin de St-Maurice, lieutenant-
########## 1 Il appartenait à une branche de la famille d'Astrio, qui de Marseille alla s'établir à Salon (Etat de la Provence dans sa noblesse). Il fut em- ployé en diverses occasions par Lesdiguières. Guy-Allard le cite parm les capitaines d'infanterie qui se signalèrent à la bataille de Pontcharra, gagnée sur le duc de Savoie, en 1591.
2 Ce gouverneur ne fit que de rares apparitions à Briançon : le châ- teau était commandé en son absence par le capitaine Brocard, son lieu- tenant, qui se fit recevoir combourgeois de la ville et devint plus tard 1er consul.
3 La famille d'Audiffret est originaire de Barcelonnette, dans les Basses- Alpes ; elle a formé plusieurs branches, établies en Provence (Etat de la Provence dans sa noblesse.)
Le souvenir de M. d'Audiffret, gouverneur de Briançon, s'est conservé dans ce pays qui, dans toutes les circonstances, s'est montré reconnais- sant envers ses bienfaiteurs. (Les Briançonnais ont été indignement calomniés sous ce rapport dans le mémoire publié par la Société d'études des Hautes-Alpes, voir Bulletin n° 2.)
En 1747, après la malheureuse affaire de l'Assiette, près d'Exilles ou l'intrépide chevalier de Belle-Isle trouva une mort glorieuse, les nom breux blessés furent évacués sur Briançon. M. d'Audiffret vendit sa vaisselle d'argent pour les faire soigner ; sa femme, dans un état de grossesse avancée, les pansa de ses mains et « mourut en s'açquittant de ce pieux office. » En 1753, M. d'Audiffret, ayant contracté un second mariage, revint à Briançon avec sa nouvelle épouse. Les consuls le reçurent avec de grandes démonstrations de joie et firent tirer un feu d'artifice « en considération des plaisirs et grâces » que le gouverneur accordait chaque jour à la ville. (Délibération du 12 août 1753.) ############
colonel réformé du régiment provincial de Verdun. — 1783, Claude Andrault, marquis de Langeron.
Les commandants militaires de Briançon qui ont été appe- lés, suivant les époques, capitaines-châtelains, gouverneurs, lieutenants du roi, étaient obligés de faire leur résidence au château, conformément à l'ordonnance de Charles VII du mois d'avril 14341, et tout nous fait croire qu'avant 1684 aucun d'eux ne chercha à se soustraire à cette obligation, Mais, à cette époque, M. de St-André, nommé gouverneur, ne trouvant pas le logement du château à sa convenance, s'adressa aux consuls pour en avoir un dans la ville. Ceux-ci lui ayant représenté que « ses prédécesseurs avaient tus logé dans le château pendant le séjour qu'ils faisaient en cette ville, sans demander aucune indemnité de logement, et s'en étant pleinement instruit, il se retira à Vienne 2 sans plus rien demander. » Cependant, il ne se, tint pas pour battu. Dans la réunion du conseil du 14 janvier 4689, le premier consul expose que M. de St-André demande que la ville lui paye 500 livres pour son logement. Le conseil décida qu'on ferait, à ce sujet, « de très humbles remontrances à M. l'intendant », disant que la prétention du gouverneur est une pure nouveauté et une demande d'autant plus sur- prenante que ni Briançon, ni les lieux d'Exilles, de Queyras et du Château-Dauphin, où il y a des gouverneurs, ne leur ont jamais fourni aucun logement, ni effectif, ni en deniers. « Plaise à sa Majesté, disent les suppliants, qu'il en sera usé à l'égard de M. de St-André comme à l'égard des précédents gouverneurs de cette ville et nous continuerons à prier pour sa sacrée personne et la prospérité de ses armes. »
Il est probable que les réclamations des Briançonnais n'eu- rent aucun succès et qu'à partir de cette époque ils furent obligés de payer une indemnité de logement aux comman- dants militaires. En 1692, la ville fournit le logement à M. de Bovet, commandant de la garnison, à M. de St-Martin, commissaire ordinaire des troupes, à MM. Robert et Garnier, in- génieurs des fortifications et à M. de Beaupré, commissaire de l'artillerie de la place 1.
En 1742, l'Escarton de Briançon payait, pour le logement des officiers de l'état-major de la place, savoir :
Au gouverneur ou lieutenant du roi. 800 livres.
A trois officiers de la place et des forts 700
Au chirurgien-major de l'hôpital du roi.... 100
A l'entrepreneur des lits militaires 200
Total 4800 livres.