■ La vengeance du pompier
Aubervilliers, 15 avril - Pendant les quelques jours qu'il avait passés à la prison de Poissy où il venait de purger une condamnation pour coups et blessures, Eugène Dupuis, dit Pompier, âgé de vingt-six ans, n'avait eu garde d'oublier sa maîtresse, Marguerite L. Sa première visite, à sa libération, fut pour la jeune fille. Hélas elle avait cherché une consolation à son veuvage auprès d'un sieur Charles Bidard, âgé de vingt-cinq ans, domicilié rue Berthier, à Pantin.
Le sang du Pompier, en apprenant cette nouvelle, ne fit qu'un tour. L'amant évincé jura de se venger. Il se mit aussitôt à la recherche de son rival, le rencontra dimanche soir dans un débit de vins de l'avenue de la République et le provoqua en combat singulier.
Les deux hommes, armés de revolvers, sortirent de rétablissement pour vider leur querelle, et ce fut Dupuis, le provocateur, qui, atteint d'une balle dans le ventre, roula inanimé sur le sol.
Immédiatement arrêté, Bidard a été conduit au commissariat de M. Pols, puis envoyé au Dépôt. Le blessé, dont l'état est très grave, a été transporté à Lariboisière.
L'HUMANITÉ - 19 avril 1904
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !