Agnielles-en-Bochaîne

Un peu d'histoire

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 Agnielles-en-Bochaîne: Sur la piste d'Agnielles...
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■ Tranche d'`histoire

L'Histoire des Hommes et de leurs terroirs fait ce que nous sommes aujourd'hui !


Agnielles-en-Bochaîne

agnielles-en-bochaine

  • FrançaisAgnielles-en-Bochaîne
  • Provençau
    ( Provençal )
  • Population0
    GentiléAgniellards
  • Superficie22,17 km²
  • Densité0 /km²
  • Latitude44° 35 '7" N°
    Longitude5° 47 '9" E°
  • Latitude44.585378°
    Longitude5.785954°
  • Agnielles-en-Bochaîne23 pages


Rue Bric et Brac

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Agnielles-en-Bochaîne: Reliefs et Agnielles...

⌘ Les Agneillards n'étaient pas des agneaux

Il y eu multiples tensions entre la Chartreuse de Durbon et les habitants des paroisses voisines. Ces tensions concernaient les pâtures et, surtout, les droits de pâtures. Voici une page d'histoire relative au calme village d'Agnielles-en-Bochaine, peuplé, à l'époque, de gens de grande douceur comme nous n'en doutons point.

Chartreux
Moines chartreux

◎ Les moines s'en vont à Sisteron

En cette fin du chaud mois de juin 1301, Frère Guillaume du Vallon, prieur de la Chartreuse de Durbon, décida d'envoyer ses moines vêtus de leurs plus beaux habits sacerdotaux en procession jusqu'à Sisteron ; lui et trois frères restaient de garde au monastère.

On ne sait jamais !

Après prêches et cérémonies religieuses à l'église du monastère, les frères se lancèrent dans cette longue marche ; les moines, vêtus de leurs habits religieux, étaient précédés de la Croix, portée haute et fière. Le Frère Guigues Moreton fermait la procession, histoire de stimuler les trainards ou surveiller certains moines un peu tire-au-flanc et forts susceptibles de se défiler.

Notre procession se dirigea vers Saint-Julien-de-Beauchêne, se donnant force et courage par leurs chants solennels ; la marche serait longue jusqu'à Sisteron !

Quelques jours auparavant, une violente dispute ayant eu lieu entre nos rudes moines et les doux habitants d'Agnielles. Nos moines, certains clopinant, se rendaient à Sisteron pour se plaindre de leur sort: ils allaient demander justice à Messire Pierre Gombertau, vicaire de Forcalquier qui, à Sisteron, représentait Reynaud de Lecto, Seigneur de Forcalquier et grand sénéchal des Comtés de Provence et de Forcalquier. La Cour de Justice de Sisteron, présidée du vicaire, réglerait le différend. Quelques jours auparavant, Guillaume du Vallon avait envoyé un émissaire porter ses plaintes à Reynaud de Lecto ; son sénéchal demandant enquête, Messire Pierre Gombertau reçu immédiatement la délégation monastique qui rapporta les faits que voici au vicaire.

◎ Plaies, bosses, horions, troupeau massacré

Nous étions le 10 juin 1302, jour de douce chaleur et de calmes paysages quand les gens de Raynaud de Montauban, commandés par le neveu de son bailli d'Agnielles, provoquèrent l'ire des habitants du village et les soulevèrent contre les braves chartreux. Bien chauffés, nos Agneillards, hommes et femmes, s'armèrent de lances, de haches, de pelles, de bâtons ferrés, et se portèrent en masse agressive vers les terres de Durbon.

Arrivés au Recours, ils y trouvèrent le troupeau monastique paissant paisiblement sous l'œil doux et assoupit des moines bergers ou vachers ; un beau troupeau, de belles bêtes, de bien belles pâtures, de bien bons moines.

En fureur, la troupe des Agniellards attaqua le troupeau et ses gardiens.

Quant aux moines gardant le troupeau tout autant que ceux qui leurs vinrent en aide, ils passèrent un mauvais quart d'heure, ou plus. Ils avaient pourtant supplié les agresseurs de se calmer, invoquant Dieu, leur désir de paix et l'innocence des animaux ; rien n'y fit et, au lieu de calmer nos braves agneillards, cela ne fit qu'exacerber leur soif de violence. Hors d'eux, remontés par le neveu du bailli, ni Dieu, ni Roi de Sicile, aussi Comte de Forcalquier et leur suzerain, ne suffisait à calmer les enragés.

Bien des coups de bâton plus tard, horions, plaies, bosses et bras cassés administrés dans l'allégresse, la troupe agneillarde rentra chez elle boire quelques chopines à la santé des moines de Durbon ; moines qui rentrèrent bien mal en point: le sang coulait généreusement, les blessures étaient nombreuses et ceux qui avaient simplement un œil poché ou le nez explosé faisaient partie des chanceux ; cinq moines étaient si cruellement blessés qu'ils se trainèrent avec terribles difficultés jusqu'au monastère.

Les uns fêtèrent leur victoire, les autres pansèrent leur défaite, l'affaire n'en resterait pas là !

◎ Une enquête est ordonnée !

Le Comte de Forcalquier, prévenu par le Prieur de Durbon, demanda enquête à son Sénéchal qui s'empressa de la demander au vicaire de Sisteron qui, stimulé par les moines arrivés en procession, s'empressa de lancer les limiers sisteronnais à la recherche d'information ; ils avaient ordre d'enquêter non seulement sur les gueux d'Agnielles mais aussi sur le seigneur de Montauban dont le comportement, franchement déplaisant, était à l'origine de ces troubles.

Les enquêteurs se lancèrent sur les pistes et sentes du Bochaine et, par sécurité, la Cour de Sisteron dépêcha un garde à Durbon ; son rôle étant de protéger les moines, leurs biens et leurs troupeaux.

◎ Les Agneillards mettent la seconde couche !

Le répit fut de courte durée pour le monastère: les Agneillards envahirent les pâtures monastiques avec leurs troupeaux, tombèrent à bras raccourcis sur le garde et les moines préposés à la garde des animaux. Ils se saisirent du troupeau monastique et le poussèrent violemment vers le territoire de Montmaur ; une vache plus maltraitée que les autres y décéda.

Le garde sisteronnais rentra tout bosselé au monastère, les moines aussi. Franchement cabossés, ils évitèrent les alpages du Recours.

◎ Ça va casquer !

Plainte déposée ordonnant enquête, les perdreaux du vicaire menaient recherches et soumirent leurs conclusions en octobre 1302. Cours siégea, jugement fut donné après avoir longuement exploré les revendications des parties. Si Durbon revendiquait les pâturages du Recours et ceux de la montagne de Durbon, les Agneillards aussi !

L'affaire était sérieuse, les multiples blessés réclamaient réparation et les autres aussi !

Une autre affaire, plus ancienne et terrible, fit surface: trois années auparavant, quelques habitants de Montmaur avaient volé un outil servant à la garde du troupeau du monastère. L'affaire aussi était grave car, en ces temps lointains, les outils valaient fortune. Plus grave encore, Dom Hugues de Rives, alors prieur de Durbon, et deux autres moines qui se trouvaient ensemble au pâturage furent terriblement outragés par les paysans ; outrager étant un mot tendre car nos religieux, sévèrement rossés, prirent le chemin du monastère couvert de sang, d'ecchymoses et leurs frocs en charpie, ou presque ; même le prieur avait été rossé, il rentra rouge de sang.

Sentant le vent mal tourner, Raynaud de Montauban proposa un arrangement mais, trop étant trop, la Cour statua. Le 4 juin 1303, elle fit totale interdiction et défense absolue au seigneur de Montauban, à ses manants et à tous ces gens, de déranger le Monastère et ses habitants, qu'ils fussent moines ou laïques. Ils affirmaient de même que le Monastère de Durbon était seul à pouvoir jouir des bois et pâtures de la Montagne Durbon et du vallon du Recours. En dédommagement, la seigneurie de Montauban se vit condamnée à payer 100 marcs d'argent fin et fut avertie que peine d'amende identique serait prononcée si les gens de Montauban s'avisaient de violer les terres et dépendances monastiques.