■ Suicide tragique
Ascros, 15 janvier - Ce même samedi, à Ascros, près de Nice, une jeune fille de quatorze ans, Mélanie G., a montré, dans un triste et déplorable attentat, un sang-froid et une précocité rares à son âge.
La veille, sa mère, ayant à laver du linge, lui ordonna d'aller puiser de l'eau à la fontaine. L'enfant refusa. Sa mère insistant, Mélanie lui répondit:
/- Vous me tuerez plutôt que de m'y faire aller.
La femme G., qui connaissait le caractère ombrageux et inflexible de sa fille, lui céda, non sans lui avoir fait une verte réprimande, et s'en alla a la fontaine.
Un quart d'heure après, une voisine se présenta à son logis, et fut assez intriguée de voir la porte fermée à l'intérieur. On alla avertir la femme G. de cet accident.
Saisie d'un funeste pressentiment, la pauvre femme accourut en toute hâte et se précipita par une fenêtre vers la chambre de Mélanie. Un spectacle navrant s'offrit à ses regards. La jeune fille s'était pendue à une solive transversale de la pièce.
Pour accomplir ce suicide, Mélanie était montée sur son lit et avait enroulé une corde a la poutre, avant d'en passer le nœud coulant à son cou, et de s'élancer dans le vide.
LE PETIT JOURNAL - 19 janvier 1865
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !