■ Les assassins d'Aboën condamnés à mort
Aboën, 5 mars - La cour d'assises de la Loire a condamné à mort Joseph Allier, 22 ans, qui tua son oncle, M. Claudius Masson, armurier à Aboën, et son complice Jacques, Montagnon, 24 ans.
Les assassins fouillèrent vainement la maison de leur victime et leur crime ne leur rapporta que 42 francs. Ils revinrent ensuite à Saint-Étienne, pour faire subir le même sort à un ami de Jacques Montagnon, lorsque les gendarmes les arrêtèrent.
LE MATIN - 6 mars 1928
■ Une séquestration odieuse
Aboën, 20 août - Un cas de séquestration odieuse vient d'être découvert au hameau d'Abonet, commune d'Aboën, canton de Saint-Bonnet-le-Château.
Le sieur Faure, âgé de quatre-vingts ans, habitait avec son fils, marié, et sa fille Marie, atteinte de crétinisme. L'avarice de Faure est proverbiale dans le pays.
Tout le monde, dans la maison, travaillait, et la fille, malgré son triste état, rendait quelques petits services ; mais ses parents, très orgueilleux, ne pouvaient la sentir et la maltraitaient.
Le frère surtout, très avare, trouvait que sa sœur était pour lui une charge inutile, et il n'hésita pas à prendre le parti de s'en débarrasser. Il la conduisit, en effet, au Puy, et, de connivence avec le père, il la fit enfermer dans un asile d'aliénés.
La pauvre fille resta longtemps dans cet hospice, mais un médecin finit par acquérir la certitude qu'elle pouvait être rendue à la liberté, et il avisa sa famille.
La jeune fille avait à peine réintégré le domicile, que son père et son frère étudièrent le moyen de se débarrasser d'elle, et, après mûre délibération, ils adoptèrent la séquestration.
Pour cela, ils construisirent dans un coin reculé de leur habitation un cabanon noir, à moitié enfoncé dans le sol et où l'air et la lumière ne pouvaient que difficilement pénétrer.
La victime de cette odieuse séquestration avait pour tout mobilier des bottes de foin et un vase de nuit. On la nourrissait avec le reste des repas et des croûtons de pain ; elle ne communiquait jamais avec sa famille et ne pouvait voir personne.
Cette situation dura cinq mois, pendant lesquels l'infortunée créature endura un long martyre.
M. Peloux, juge de paix de Saint-Bonnet, informé de ce qui se passait, se rendit aussitùt à Abonet, avec le brigadier de gendarmerie, et procéda à une minutieuse enquête. On fouilla la maison et on découvrit, après bien des recherches, Marie Faure dans son obscur réduit.
Le spectacle qui s'offrit à la vue de M. Peloux était horrible : amaigrie, accroupie au milieu d'un tas d'ordures, l'idiote n'avait plus rien d'humain. Il fut même impossible de la faire tenir debout pour la conduire à l'hôpital de Saint-Bonnet. On a été obligé de la charger sur une voiture.
Le parquet de Montbrison, aussitôt prévenu, s'est rendu sur les lieux.
Faure père et fils ont été immédiatement mis en état d'arrestation.
LA LANTERNE - 24 août 1890
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !