■ La bande d'Abbeville
Abbeville, 15 avril - On n'a pas oublié les vols commis par la bande d'Abbeville, dont les auteurs seront jugés en octobre prochain par la Cour d'assises d'Amiens. À l'heure actuelle, dix-huit individus, dont quatre femmes, sont détenus à Abbeville pour cette affaire.
Un dix-neuvième, le plus redoutable, celui que ses complices avaient surnommé l'Imprenable, Henri Bonnefoi, vient d'être arrêté sur un paquebot à Djibouti. Ce malfaiteur se rendait à Saïgon.
Henri Bonnefoi, 42 ans, qui habitait Champigny. avait disparu lors de l'arrestation de ses complices. Il avait été mêlé au cambriolage opéré le 6 octobre 1901, au préjudice du bijoutier Bourdin. C'est lui qui, avec Jacob et Clarençon, défonça le plafond de Bourdin et pilla le magasin.
Bonnefoi est soupçonné d'avoir assassiné Émile Bernard, trouvé mort, le 19 juin 1894, à la gare de Montélimar. Il revenait de jouer avec ce jeune homme à Monte-Carlo. Interrogé, il prétendit que Bernard s'était suicidé.
Il est en outre soupçonné d'être l'auteur de l'assassinat du bijoutier Lecomte à Narbonne, en août 1900. Comme Lecomte avait entendu les malfaiteurs démolir la cloison de sa boutique, il accourut et fut tué d'un coup de révolver.
Bonnefoi est un anarchiste qui a exercé tous les métiers, tour à tour métreur à Oran, garçon de café à Constantine, maître d'hôtel à Marseille, cuisinier à bord des paquebots, etc...
LA CROIX - 21 avril 1904
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !