L'actuel maire d'Abbeville fait suite à une longue liste de Mayeurs - terme que nous pouvons rapprocher de l'anglais Mayor - Maire. Les pouvoirs du mayeur d'Abbeville, après signature de la charte d'affranchissement de la ville accordée aux bons habitants d'Abbeville par leur suzerain, furent très importants
Gautier Patin fut, en 1184, le premier mayeur de la ville - devenue ville-franche - d'Abbeville et figure comme témoin sur le document original de cette charte. La rue où il habitait existe toujours et vous pourrez y passer lors de votre visite d'Abbeville; il logeait rue de Vulfran, entre les numéros 68 et 72. La famille Patin était une famille de notables de la ville; son frère Gui y exerçait le métier de médecin. Gautier Patin sera de nouveau Mayeur en 1195.
Il est important de signaler que de nombreux notables exerceront plusieurs fois la fonction de mayeurs mais jamais deux années consécutives.
Droits, devoirs et prérogatives du Mayeur d'Abbeville
Élu pour un an, le mayeur de la ville franche d'Abbeville, jouissait d'un grand pouvoir dont celui de haute et basse justice. Si le Mayer avait droit de justice, il se devait aussi, et en personne, d'accompagner le condamné jusqu'au au pilori ou jusqu'au billot, si peine de mort il avait prononcé.
Le mayeur avait aussi des devoirs militaires et, en cas de guerre, il se devait d'aller se battre avec la bannière commune: ainsi, Pierre Le Maire, mayeur en 1214, accompagnera la milice d'Abbeville - 2000 hommes - à la bataille de Bouvines le 27 juillet 1214.
Ce poste confère certains honneurs à mayeur qui est le premier personnage d'Abbeville et bénéficie d'une haute estime auprès ses concitoyens.
Quelques mayeurs
Aléaume de Fontaines, Seigneur de Pré-Long - Mayeur en 1185
En 1204, il rejoint les croisés et combat sous les murs de Constantinople. Il meurt un an après avoir chargé son chapelain de ramener à Long-Pré les reliques qu'il avait collectées en Palestine et à Constantinople.
Jean Faffelin - Mayeur en 1319
En 1320, les comptes de Jean Faffelin furent examinés par deux commissaires aux comptes - Jean de Bourbon pour le Roi de France, Gillebert de Wignetonne pour le roi d'Angleterre, et ceci en présence du peuple appelé sur la place publique au son du tocsin. Jean Faffelin fut condamné à payer une amende pour avoir surpayé certains agents royaux et communaux ainsi que pour avoir retenu 60 sous à son bénéfice.
