Zalana, 20 septembre - La scène se passe au cours d'une des étapes quotidiennes de la balade organisée à nos frais, pour montrer à tous le premier touriste de France.
Entre parenthèses, Poincaré, qui ira à Marseille, doit considérer que la Corse n'est pas la France et qu'il est inutile d'attirer l'attention sur ce rocher. Aussi, il n'ira pas. Mais, revenons à notre histoire.
La file des autos composant le cortège approchait d'un village limousin, et le premier touriste commençait déjà à distribuer des coups de chapeau à gauche et à droite quand un cri bien connu de la suite du président, retentit.
- Ah ! les vaches! les vaches !
En même temps, et avant que personne ne puisse s'interposer, un groupe de paysans s'élançait sur la route le bâton en mains. Ce fut un beau tumulte. La première voiture, arrêtée trop brusquement, dérapa, tandis que les autres venaient se jeter dessus, chacune d'elle poussée par sa suivante. Mais ce ne fut pas tout, malheureusement.
La délégation des agents en bourgeois du V°, qui accompague le président, entendant crier :
- Les vaches !
prit cela pour une insulte à son endroit. Aussi, voulant venger immédiatement l'honneur de la police parisienne, les flics se précipitèrent sur les paysans, et, à coups de casse-tête, nerfs de boeuf, coups de poing américain, etc, les couchèrent sur la route jusqu'au dernier.
Et cependant, après enquête, on s'aperçut que les braves Limousins, loin de manifester contre Poincaré, avaient, au contraire, voulu chasser de la route quelques bonnes vaches qui, fatiguées de regarder passer les trains, et attirées par le bruit des moteurs, avaient, elles aussi, voulu voir passer le premier touriste de France.
AVANTI - 27 septembre 1913⌘ Presse ancienne
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !