Longtemps, nos régions et nos villages ont subi des épidémies récurrentes. Certaines furent terribles et ont profondément marqué les mémoires, d'autres si elles furent moins lourdes n'en firent pas moins de gros ravages. C'est le cas de l'épidémie de choléra qui ravagea la Bretagne entre 1885 et 1886.
Trémaouézan n'y échappa. Voici le compte-rendu de l'épidémie lors de cette année.
Le choléra n'a atteint, à Trémaouézan, que 3 personnes, sur lesquelles une seule est morte. Il a été importé par une fille S..., âgée de vingt-huit ans, journalière à la filature de Landerneau en janvier 1886. Elle traversait le village de Kersalamon, dépendant de la commune de Trémaouézan, pour aller voir ses parents à Plouneventer, lorsqu'elle a éprouvé les premiers symptômes du mal. Elle a guéri.
Dans la maison où elle avait reçu l'hospitalité et avait été soignée mourait, le 5 janvier, un enfant de cinq ans, atteint du choléra. Quelques jours après, la mère de cet enfant était atteinte également. Celle-ci a guéri.
L'épidémie s'est bornée à ces trois cas pour la commune de Trémaouézan ; mais on verra, dans la notice de la commune de Plouneventer, que la fille S.... a encore transmis le mal à d'autres personnes.
La commune de Trémaouézan se trouve située sur un plateau dont le sous-sol se compose, en majeure partie, de granit et de sable. La couche de terre recouvrant ce sol granitique est assez uniforme et présente peu d'épaisseur (0,60m à 1m. en moyenne), ce qui constitue un terrain très perméable, surtout à partir d'une profondeur de 0,50 mètres.
Cette commune ne comporte aucune agglomération de vingt feux. Le bourg lui-même n'en contient actuellement que dix-huit.
La nature de l'eau est, en général, excellente au goût, très limpide et abondante ; elle provient, en grande partie, des sources jaillissant en dehors des Agglomérations. Les puits sont généralement établis à proximité des habitations et sont tous en contrebas de celles-ci. Malgré ces conditions, les eaux sont rarement souillées, à cause sans doute, de la nature du sol éminemment favorable à la clarification de celles pouvant y pénétrer par infiltration, Il n'est point fait usage de tuyaux pour amener les eaux, les sources étant assez nombreuses. L'eau n'a jamais manqué dans la commune.
Les vidanges des maisons, en y comprenant les matières fécales, se font ordinairement sur les tas de fumier, et ces derniers sont transportés deux fois l'an, eu moyenne, dans les champs pour y être employés comme engrais. Avant leur emploi, elles ne peuvent contaminer les eaux, étant absorbées par les fumiers mis en tas, le plus loin possible des puits et des sources.
Le lavage du linge se fait avec le savon ordinaire dans des lavoirs établis en contrebas des sources ; les eaux ayant servi à ce lavage s'écoulent par des rigoles ou saignées et sont employées à l'arrosage des prairies.
Le nettoyage de la place du bourg et des chemins y aboutissant se fait par le cantonnier du service vicinal. Il n'y a pas de maison comprenant de cour où les résidus de la vie soient accumulés.
En résumé, le bourg de Trémaouézan, ainsi que les petits villages dépendant de cette commune se trouvent dans une situation relativement bonne au point de vue de l'hygiène, si on la compare aux autres localités et si on en juge d'après les épidémies qui ont eu lieu dans certaines régions du département depuis une dizaine d'années.
Il faut cependant remarquer, malgré les conclusions de ce rapport, que la commune de Trémaouézan a eu un excédent de décès sur les naissances (9,61 pour 1.000), de 1882 à 1885, ce qui est tout à fait exceptionnel dans le Finistère.