■ Gendarmes et braconniers
Sigonce, 30 novembre - Ces jours derniers, à 3 h. 1/2 du soir, les gendarmes Vinciguerra et Bellon, de la brigade de Peyrius, département des Alpes de Haute-Provence, étaient en tournée pour la répression du braconnage sur le territoire de la commune de Sigonce, au quartier de Grand-Verre, lorsque ayant aperçu un individu qui chassait, ils se dirigèrent vers lui pour lui demander son permis de chasse.
Le braconnier, en apercevant les gendarmes, au lieu de fuir, les mit en joue eu leur criant :
/- Halte-là, où je vous brûle !
Il visa d'abord le gendarme Bellon, mais se voyant pris par le gendarme Vinciguerra, qui était plus près que son camarade, il fit feu sur ce dernier, qui, heureusement, ne fut pas atteint, bien que se trouvant à découvert et à 10 mètres seulement du braconnier.
Les gendarmes mirent alors le revolver au poing et ripostèrent par quatre coups, sans l'atteindre. Seulement, le premier coup qui a été tiré par le gendarme Vinciguerra, et qui aurait peut-être atteint l'individu, avait raté. Voyant que les gendarmes étaient résolus à soutenir la lutte et qu'ils ne marchandaient pas leur vie pour s'emparer de lui, le criminel abandonna son arme et prit la fuite.
Le commandant de la brigade, prévenu par le gendarme Vinciguerra de cette tentative, organisa immédiatement des recherches actives qui amenèrent vers minuit, et dans une campagne de la commune d'Auges, en compagnie des deux gendarmes victimes, l'arrestation du nommé François Traversa, sujet italien, âgé de 27 ans, bûcheron en cette commune.
Cet individu, malgré qu'il fût reconnu par les gendarmes Vinciguerra et Bellon, nia d'abord ; mais, pressé de questions ; il avoua que c'était bien lui qui chassait saus permis et qu'il était l'auteur de la tentative de meurtre commise sur le gendarme Vincigaerro.
Le parquet, ainsi que le capitaine de gendarmerie de Forcalquier, informés du fait, se sont rendus sur les lieux et, après avoir fait des aveux, le coupable a été dirigé, sur Forcalquier où il a été incarcéré, en attendant de comparaître devant les prochaines assises où il sera jugé selon la rigueur des lois.
L'ÉCHO DE LA GENDARMERIE - 2 décembre 1888
■ Procès étonnant
Sigonce, 30 novembre - Un procès assez original vient d'être jugé par le tribunal de paix de Forcalquier.
Un sieur X..., de Dauphin, marchand de cochons, vendait à un sieur Basset de Sigonce plusieurs de ses intéressants pensionnaires. En passant le marché, le marchand de cochons déclara qu'il entendait être payé en centimes, rien qu'en centimes ! Or, il y avait pour cent quinze francs de cochons, ce qui faisait onze mille cinq cents centimes. Aussi l'acquéreur, croyant à une plaisanterie, promit de donner la somme comme on la lui demandait.
À quelque temps de là, le marchand de cochons réclama sa créance. Basset se mit en devoir de payer, mais avec de l'or et des pièces d'argent. Le vendeur refusa net et déclara qu'il voulait la somme en centimes, comme ils en étaient convenus. C'est en vain que Basset protesta, se fâcha, le marchand assigna son acquéreur devant le juge de paix de Forcalquier, qui trouva la chose si drôle qu'il condamna le malheureux Basset à s'en tenir aux conventions strictes du marché, c'est-à-dire à payer ses cochons en pièce de un ou deux centimes, à son choix.
Qu'est-ce que le marchand de cochons va faire de tant de centimes ?
L'UNIVERS ILLUSTRÉ - 19 juillet 1890
■ Éboulement à la mine
Sigonce, 20 novembre - À la suite d'un éboulement qui s'est produit dans les mines de Sigonce, le frère du directeur de ces mines a été grièvement blessé.
LE XIX° SIÈCLE - 22 novembre 1907
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !