Saint-Renan: Ar Ru Vras, début XX°
⌘ La bigote et ses filles
Autrefois,
À Lokournan,
Il y a très très longtemps,
C'était hier,
Une bigote avait deux filles...
La bêtise est parfois si grande et certains imbéciles hors compétition qu'il est impossible d'en définir les limites ; il ne reste que comparaisons pour espérer donner idée d'un personnage, d'une situation ou d'un état.
L'imbécilité de notre bigote était si grande qu'elle en avait largement dépassé l'infini: au-delà de l'infini, au-delà de toute pensée possible, il y avait la bigote ; et une sacré remise en question pour les mathématiciens !
Pour vous donner une autre image, vous pourriez la comparer à un trou noir !
Un trou noir, sous sa propre gravité, s'effondre sur lui-même et forme un puit gravitationnel attirant tout ce qui passe à proximité. Plus il grossit, plus sa masse se densifie, plus il aspire les corps célestes imprudents. Il est et devient si dense que ce qui y pénètre n'en ressort jamais, même la lumière ; cette caractéristique lui valant d'ailleurs nom. Cette bigote était semblable à un trou noir, un gros trou noir: elle était un concentré de bêtise dont la masse détruisait tout imprudent passant aux environs.
Comme toutes les bigotes, elle se nourrissait de ragots, de cancans, commérages et vilenies. En revanche, contrairement aux trous noirs qui ne laissent rien échapper, elle diffusait ses commérages à tous vents et toutes oreilles de bigotes pouvant être croisées dans ce charmant bourg de Saint-Renan: si Larousse sème le savoir à tous vents, la bigote semait mauvais cancans à toutes directions !
Elle trouva à se marier en alpaguant un brave homme ; plaignons-le !
Les bigotes devant aussi se reproduire, elle eut deux filles de ce mariage ; saluons au passage le courage et abnégation de cet homme !
La bêtise
Les oies ne faisant pas des poules, les deux filles étaient aussi d'un encéphalogramme gras.
L'une, l'âge venu, se maria à un archer du Roi. Atteignant le Nirvana des arrivistes, elle ne se sentait plus: elle était femme de l'archer qui, à ses yeux, ne pouvait que devenir au moins grand vizir si pas plus: il resta archer au long cours avec quelques galons aux années...
L'autre, fourbe et retors à l'extrême, ne cherchant qu'à se caser, multipliait les liaisons éphémères pour, cachant la réalité de son âme noire, trouver un pigeon ; la qualifier de fille à marins ne serait d'ailleurs pas exagéré...
Un jour, arriva le pigeon espéré, un type sans vice ni méchanceté ; la plus jeune enfin se casa !
Pigeon déchanta très vite.
Le mariage engage pour le meilleur et pour le pire: Pigeon ne connut que le pire et cherche toujours le meilleur, exception de ses enfants qui restèrent toujours le centre de ses pensées, de ses sentiments et de ses soucis.
La naissance d'un premier enfant au sein d'un couple est d'une symbolique immense: deux êtres deviennent et fondent famille ; théoriquement...
Il est d'usage et naturel, chez tous les peuples de la terre, que la mère de la jeune femme se déplace et vienne aider sa fille en ces moments si particuliers ; la jeune femme fit choix d'aller chez sa mère: la pondéreuse imbécilité de la bigote était intransportable !
Pour ce faire, nombreuses semaines avant la naissance, planifiant sa trahison, insulte et déni de paternité, Fourbasse - appelons-là ainsi - fit approche douce et hypocrite, demandant s'il lui était possible d'accoucher près de sa mère. Tous les prétextes furent utilisés ; surtout ceux jouant sur la pitié et le misérabilisme:
⤇ Tu sais, j'aimerais pouvoir accoucher à Saint-Renan, parce que c'est une tradition familiale...
⤇ Tu sais, si je peux accoucher à Saint-Renan, je reviendrai la semaine suivante et j'accoucherai en confiance...
⤇ Tu sais, il faut que j'accouche à Saint-Renan, car les sage-femmes de *** sont incomptétentes, négligeantes et il y a eu beaucoup de nouveau-nés morts à la naissance à cause d'elles...
⤇ Tu sais, j'aimerais accoucher à Saint-Renan, parce que la maternité de *** est sale et manque de personnel...
⤇ Tu sais, j'aimerais accoucher à Saint-Renan, pour raison de sécurité. J'ai vu la maternité de *** , elle n'est pas sûre et les risques sont grands pour notre enfant à naître...
Tous les subterfuges possibles et inimaginables furent employés ; il ne manquait plus qu'une attaque de martiens, l'attaque de la diligence par les indiens, la neige ou le choléra !
Les sentiments, la sincérité, le partage, l'amour et l'amitié ne s'exigent pas, ne se demandent pas, ne se pleurnichent pas, ne se sollicitent pas. Mûs par la sincérité, ils se donnent et se partagent avec simplicité ; c'est ce que pensait Pigeon...
Pensant encore sa femme honnête ou refusant de voir la réalité, Pigeon accepta donc: ne devait-elle rentrer dans la semaine ou quinze jours après la naissance comme elle le déclarait et s'y engageait avec force hypocrisie ?
Saint-Renan: Vue du bourg, début XX°
Fourbasse ne rentra que 2 mois plus tard, après que Pigeon, excédé, claqua la porte un dimanche après-midi puis rentra chez lui.
Devant la révolte de l'égoïste et méchant Pigeon qui arrivait, Fourbasse rentra au foyer, certainement se sentant contrainte et forcée - les fourbes sont toujours très lâches...
Arrivant, le soir, les premières paroles et seuls soucis de la Fourbasse furent de savoir si et quand elle pourrait retourner chez sa bigote de mère ; pauvre bigote à cerveau liquide qui ne verrait pas sa petite fille autrement...
Pendant ces deux mois où Pigeon encaissa mépris et crachats d'abrutis, il espéra voir son conjoint rentrer spontanément, naturellement pour partager les premiers moments de ce premier enfant qui lui était toute vie, une fille...
Pendant deux mois, avec désespoir, il fit la route deux fois par semaine, pour entendre sa belle-mère imbécile s'extasier des premières réactions de son enfant nouveau-né qui lui était volé:
⤇ Aaah ! que c'est extraordinaire, si tu pouvais voir cela...
⤇ Aaah ! qu'elle est éveillée ! Elle nous regarde déjà...
Ou le beau-père, pas le plus idiot du village, se réjouir d'avoir leur premier petit-enfant chez eux:
⤇ Que nous sommes contents d'avoir notre petite-fille avec nous...
⤇ C'est vraiment une jolie petite-fille ; elle change si vite...
Tout comme monsieur Bigot et madame Bigote se grisaient d'avoir leur petite fille, Fourbasse s'enivrait de sa mère, médaille du crétinisme de 1° classe:
⤇ Aaah ! que Maman est exceptionnelle ; que ferais-je sans elle !
⤇ Maman est grandiose et merveilleuse ; elle est vraiment incroyable, personne ne peut faire ce que fait maman...
Quand au ressenti de Pigeon, tout ce concentré d'imbéciles avariés en conserves éventées s'en contrefichait totalement...
Mais qu'attendre de crétins au cerveau 100% saindoux et gras-double garanti !
La bigote - graisse intellectuelle bien collée à ses massifs os crâniens, sera d'ailleurs incapable de se déplacer pour ses autres petits enfants ; contrainte et forcée, elle le fera néanmoins pour la dernière naissance mais pourrira ce moment familial qui aurait pu être bien plaisant ; Pigeon en fit encore les frais !
Saint-Renan: lavage et commérages, début XX°
Les bigotes sont dopées à l'eau bénite et imposent à tous et toutes de tout laisser dans l'instant pour les conduire à la messe ; certainement un besoin de prier Sainte Rita da Cascia, sainte patronne des causes désespérées qui, avec telle dévote a certainement rendu son tablier et s'est reconvertie à d'autres emplois...
Bigote ne dérogeait pas à la règle...
Racisme, mépris sont fils d'imbécilité depuis apparition de l'Homme ; notre boursouflé repaire graisseux ne pouvait y échapper.
André Gide, homme perspicace, faisait remarquer que moins le blanc est intelligent, plus le noir lui semble bête. Nous devons élargir son constat et spécifier que, pour ces gens, tout autre que leur microcosme était sous-développé et stupide. Leur racisme était donc sans commune mesure avec certains à priori que tout homme peut avoir envers autres cultures.
Et que la bigote riait, se tapant sur les cuisses en parlant des
nègres qui ressemblent à des animaux ; et que le beau-père rejetait le niaque, le bique, celui qui, au génie de sa propre culture, voit le monde avec un autre regard ; que l'archer se croyait intelligent en se vantant d'être prêt à envoyer ses clients dans la forêt, les faire creuser leur trou puis...
Certains microcosmes en putréfaction, dévorés par les asticots de la médiocrité, sont dopés à l'eau de bigote mais vides de toute attitude chrétienne ou simplement humaine...
Allergique à ces propos, pensant que le sang de l'Homme coule toujours rouge quelque soit la latitude ou longitude qui le vit naître, Pigeon aborda la question avec Fourbasse.
Mal lui en prit car cela était crime de lèse-bigote qui ne méritait qu'un seul châtiment ; au moins la mort !
N'ayant pas de guillotine sous la main, Fourbasse le traita de pauvre type inapte à comprendre et l'accusa de tenir des propos abjects sur sa famille. Pigeon comprit que le silence était préférable. Il encaissa encore le mépris de cette narcissique et perverse femelle mais commença a penser que le cimetière était délivrance et lieu de repos.
Saint-Renan: Ar Ru Vras, début XX°
Comme cela arrive à tous, la Bigote subit un jour une crise de diarrhée.
Quel évènement que cette diarrhée de bigote qui transforme les pires pandémies mondiales en agréables balades touristiques.
La peste galénique vers l'an 170 ?
Une galéjade de 5 millions de morts !
Les pestes justiniennes faisant entre 20 et 50 millions de morts dans l'Empire Romain ?
Négligeable anecdote historique...
La peste noire tuant le tiers des européens ?
Une broutille !
la grippe espagnole ?
Une simple grippe de 50 millions de morts...
La chiasse de bigote ?
Ne riez pas, avec ou sans grumeaux, la cagatelle de cette femme liquéfiée était cataclysme méritant les plus grandes attentions, l'intervention de l'ONU, de l'UNESCO, du gouvernement, des gouvernements...
Une diarrhée méritant films bollywoodiens, hollywoodiens, appel à Moskfilms et autres, aux journalistes et aux meilleurs médecins du monde...
Fourbasse abreuva Pigeon des diarrhées de sa bigote de mère. Ne riez pas, le sujet était grave et Pigeon, qui en avait plein les oreilles, eut droit à remarques félonnes, perverses et bien méchantes: la diarrhée de Bigote est sujet grave !
Abrégeons maintenant cette histoire rénanaise et, jeunes hommes ou jeunes femmes, retenez leçon de cette histoire:
Avant de vous engager, regardez la future belle-mère et future belle-famille car vous devrez traîner ces boulets.
Si le moindre fait vous heurte ou vous dérange, et ceci pour parler crûment: "Tirez votre crampe si vous le souhaitez puis partez très loin, en courant !
Fuyez ce type d'imbéciles car ils vous détruiront..."
Ne gaspillez pas votre vie avec de tels abrutis: ils vous useront, vous tueront mais ne changeront pas d'un angström.Sans doute vous demanderez-vous ce qui arriva à Bigote ?
Son heure arrivée, elle passa de vie à trépas.
Soudain la qualité de l'air mondial changea et, perdant ses relents de bêtise, retrouva agréables parfums...
Ayons pensée miséricordieuse pour les pauvres astciots !