⌘ L'appel de la guerre au 1° août 1914
Au 1° août, la mobilisation générale voit bien des commentaires. Tout le monde pense que cette guerre sera fraiche et joyeuse malgré les mises en garde d'esprits éclairés dont ce général allemand qui, dès 1905, invitait à ne pas se faire la guerre et à la réflexion en dressant avec clairvoyance et justesse le tableau terrible de cette guerre que tous pressentaient.
L'instituteur de saint-chaffrey écrit:
- La mobilisation a été annoncée à 5 heures du soir, par la cloche du feu. Les gens s'attendaient si peu à la guerre que tout le monde crut à un incendie. Quand on apprit que c'était la mobilisation, les femmes versèrent bien quelques larmes. Elles s'approchaient des hommes, elles les écoutaient. Ces derniers, presque tous ouvriers et presque tous mobilisables, étaient admirables. Ils avaient tout leur sang-froid, ils réconfortaient leurs épouses et leurs mères.
En temps ordinaire, à 9 heures, chacun dort. Dans la nuit du 1° au 2, le mouvement se prolongea jusqu'à minuit, et, pour quelques-uns, jusqu'au jour. Tous avaient en mains leurs livrets militaires et, chose agréable à dire, chacun savait son jour de départ, son poste : ici, la mobilisation s'est effectuée dans un ordre parfait.
2 août - Les femmes, quelque peu affolées, crient, en termes un peu crus : Ah ! le... de Guillaume ! Si nous le tenions ! Oh ! Les... d'Allemands ! Ils veulent notre pays ! Ils ont faim ! Où ce Guillaume nous met !. Les maris et les fils sont plus contenus.
J'ai entendu ceci : Depuis quarante-quatre ans, la France s'incline devant l'Allemagne. Ils nous ont fait toutes sortes d'affronts. La France a été trop faible. La guerre, il la fallait. Il faut que cela finisse.
Quelques-uns disaient : On n'y tenait plus. Le budget était trop lourd. Aujourd'hui ou demain, il fallait se battre. Au reste, nous ne sommes pas seuls : nous avons des amis, on nous aime. — Le plus tôt, c'est le meilleur. Nos enfants seront libres.