■ Suicide d'un assassin
Redortiers, 5 septembre - Un double crime aurait été commis à Reillanne, le 22 août.
Le nommé Bonet, mari d’une des victimes, qui vivait séparé d’elle depuis quelque temps, était venu, trois jours auparavant, trouver sa femme pour avoir d’elle de l’argent, et, sur son refus, lui avait asséné deux coups de marteau qui mettaient ses jours en danger.
Aux cris de la malheureuse, son fermier était accouru à son secours, mais le mari l’avait accueilli par deux coups de revolver, dont un l’avait traversé de part en part. La mort avait été instantanée.
Bonet s’est fait justice lui-même à l’aide du revolver qui lui avait servi pour commettre son crime.
Par une mesure de précaution qui prouve bien le sang-froid avec lequel il a médité cet acte, il est allé se placer sur le bord d’une écluse afin de compléter par l’immersion ce que le revolver aurait pu laisser d’imparfait. Ayant été l’auteur d’un double meurtre, il a voulu finir par un double suicide. Et c’est dans son pays natal, à Redortiers, canton de Banon, arrondissement de Forcalquier, qu’il est allé expier son crime.
La femme Bonet n’est pas encore morte, mais l’on craint fortement de ne pouvoir la sauver.
LE JOURNAL DE TOULOUSE - 3 septembre 1883
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !