Joseph-Alfred Stahl, alias Joseph Châtillon, est un alsacien-lorrain né à Andlau le 30-04-1876. Habitant et travaillant à Paris, ayant fait choix de France, mobilisé le 1 août 1914, il demandera à s'engager pour la durée de la guerre sous un état-civil d'emprunt le 3 septembre 1914.
Comme chaque jour, l'ordre des opérations est transmis à la faction concernée. Pour la nuit du 24 au 25 octobre 1915, l'ordre est d'aller à 21 heures observer la route entre le hameau d'Ancervillers et Sablière ; cet ordre arrive avant 16 heures. De service avec ses hommes, le sergent Dusautoire est chargé de cette mission. Avec les soldats Messier et Chatillon, ils sortiront par le poste d'écoute J4 et seront suivis par le caporal Mathias et 4 hommes de la section. Après avoir reconnu la Sablière, ils laisseront le caporal en écoute et 3 hommes pour se garder à gauche. Le sergent et ses hommes traverseront alors la route Montigny-Domèvre, ils iront se porter en écoute sur la route Domèvre - le Hameau d'Ancevillers, est de la Sablière.
Sortis à 21 heures, les hommes se dirigent vers les positions définies. À 150 en avant de leurs lignes, ils se font tirer dessus depuis la route. Étant visibles, ils se replient dans un creux, se couchent face à l'ennemi. Le caporal signale alors la disparition du soldat Stahl-Chatillon. On le cherche en avant, tente de l'apercevoir en se levant sur les mains malgré les risques inhérents. Une salve vient de la gauche, toute proche ; on recule encore un peu.
Le sergent Dusautoire, le soldat Messier et le caporal rampent vers l'avant pour tenter de retrouver Stahl-Chatillon disparu. Nouvelle et violente salve allemande ; les hommes reculent jusqu'aux barbelés, se placent en tirailleurs en attendant Stahl-Chatillon.
Le calme revient, aucun bruit de lutte ne se fait entendre, aucun cri ne perce la nuit, le sergent fait prévenir le capitaine qui ordonne des recherches. Il est 23h30. Elles partiront du Bois Banal. L'adjudant Martin et une section fouillent une partie du secteur, Dusautoire et une escouade fouillent leur zone. À 2h30, ils trouvent le cadavre allemand. À 3h00, il rentre dans ses lignes avec le cadavre et cesse les recherches. L'adujudant et ses escouades rentre bredouille.
Stahl-Chatillon à disparu.
Joseph Stalh est alsacien-lorrain et se pose la question de sa fidélité - les allemands se posent d'ailleurs les mêmes questions et enverront plutôt les alsaciens-lorrains à l'est ou l'intérieur, et la question se posant de la trahison à l'ennemi, ces doutes expliquent les recherches réalisées.
Un rapport décrit l'état d'esprit de Joseph Stalh qui est décrit comme animé du meilleur esprit patriotique et ce fait confirmé par tous ses camarades. Plusieurs fois, Joseph Stalh a annoncé qu'il ne pouvait pas se faire prendre vivant par les Allemands car il le fusilleraient comme déserteur et traitre ; raison pour laquelle il a changé son état-civil.
Son capitaine signale qu'il fut toujours volontaire quand demandé. Interrogation du sergent et des hommes, il s'avère que Joseph Stalh a été tué lors de la première salve allemande, quand il se levait pour se mettre à l'abri du repli de terrain.
Le procès-verbal de sa disparition signale que le fusil 86-93 et la baïonnette B.7517 ont été perdues avec lui.
Les hommes du sergent Dusautoire envoyés chercher traces du soldat Joseph Châtillon tombèrent sur un soldat allemand mort. Le capitaine *** , commandant la 8° Compagnie du 38° RIT, rendit compte à sa hiérarchie de cette découverte le 25 octobre 1915.
Ce soldat fut découvert environ 15 mètres en avant des lignes, couché à plat ventre dans les herbes, à égale distance des postes d'écoute J2 et J4.Il semblait avoir été tué depuis 15 jours. De grande taille, il faisait 1m85, et semblait être jeune. Son uniforme, feldgrau, portait des passes d'épaules à passepoil rouge portant le N°24. Son pantalon portait un passepoil rouge et il était coiffé d'un Feldmütze, bonnet de police allemand ; il est chaussé de brodequins marqués BA XIX, 1332-105.R. Son ceinturon est réglementaire et il a un fusil, cinq cartouches et une grenade.
Un porte-monnaie était tombé de la poche du soldat. Il contenait une pièce de 1 Mark, un calendrier, un porte-plume et une gomme. Le mort et ses objets furent transportés dans la matinée du 25 octobre 1915 à Mignéville.