■ Catastrophe évitée
Paris 18°, 1° juillet - Une véritable catastrophe a failli avoir lieu, hier, rue de la Chapelle.
Deux ouvriers, Jules Valais et Antoine Coudert, étaient occupés à creuser un puits pour un branchement d’égout, lorsque arrivés à une profondeur de 12 mètres ils sentirent l'air leur manquer et des gaz méphitiques les prendre à la gorge.
Ils purent heureusement pousser un cri d'appel, le dernier cri du désespoir, et deux de leurs camarades accoururent bravement à leur secours. Les deux courageux sauveteurs descendirent au fond du puisard, où leurs compagnons gisaient sans connaissance, et ils les ramenèrent à l'air libre à l'aide du sceau servant à monter les terres au moyen d'un treuil.
Quelques secondes de plus, et l'asphyxie des deux travailleurs était complète. Transportés à la pharmacie Legastelle, ils ont été rappelés à la vie et reconduits en voiture à leur domicile, par les soins de M. Étienne, commissaire de police du quartier, qui était accouru sur le théâtre de l'accident.
La Lanterne - 02 juillet 1877
Le gaz siffleur
Montmartre, 5 janvier - II y a toujours des choses extraordinaires à Montmartre. Et depuis quelques jours, on s'y occupe beaucoup d'un bec de gaz situé sur un refuge au carrefour des rues Poulet, Poissonniers et Doudeauville.
Aussitôt qu'on l'allume, ce bec bizarre se met à siffler comme une sirène mais d'un sifflet qui persiste et qu'on ne peut arrêter qu'en éteignant le gaz.
Naturellement, cette musique amuse les uns et ennuie les autres: ceux-ci éteignent le gaz, ceux-là aussitôt le rallument. C'est l'amusette du jour.
Le commissaire de police a été mandé. Il est venu, il a vu, il a entendu, et il est parti en se bouchant les oreilles.
On commence à dire là-haut, que ce bec de gaz est possédé par un démon siffleur.
Il y a en a de tant d'espèces !
LA CROIX, 10 janvier 1900
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !