Meudon est un charmant bourg et château bâti sur une éminence, dans une des plus belles situations des environs de Paris. Rien n'est ravissant comme la belle vallée que le château domine ; le site pittoresque du village, les nombreuses habitations qui couvrent sa riche campagne, ses hauteurs couronnées de bois, le parc et l'immense avenue, offrent un ensemble admirable.
Le Château de Meudon ne présente qu'un grand corps de bâtiment, dont la solidité fait le principal mérite : des colonnes doriques ornent son avant-corps du côté de l'entrée. Une belle terrasse, qui précédait l'ancien château bâti par Philibert de Lorme - aujourd'hui détruit, domine le bourg.
Cette terrasse a 780 pieds de longueur, 361 pieds de largeur et plus de 60 de hauteur : on y découvre, non seulement la ville de Paris, mais encore les rives gracieuses de la Seine et les nombreux villages qui bordent à droite et à gauche le cours de cette belle rivière. Le petit parc, clos de murs, contient 500 arpents ; le grand est d'une étendue immense. Les bois de Meudon sont très fréquentés par les habitants de la capitale : on sait qu'ils faisaient les délices de la célèbre Mme Roland. Leur proximité de Paris, et surtout l'agréable ombrage qu'ils fournissent, les font rechercher de tous les amateurs des promenades solitaires.
Le joyeux Rabelais, après avoir été cordelier, bénédictin, docteur en médecine, puis encore bénédictin, mourut curé de Meudon. On sait qu'au moment de rendre le dernier soupir, il se fit apporter un domino, s'en enveloppa, et dit : Beati qui in domino morientur ; peu après il ajouta : Tirez le rideau, la farce est jouée.
Au Bas-Meudon est une verrerie considérable, appelée vulgairement Verrerie de Sèvres.
Sur l'emplacement du château de Bellevue, on a construit plusieurs habitations remarquables par leur admirable situation. Rien n'est plus magnifique que le tableau qui s'offre au spectateur placé sur les terrasses de l'ancien château : l'oeil embrasse une campagne immense, et se promène sur les bourgs, les villages, les bois et coteaux qui bordent l'horizon.
Au pied de la montagne, la Seine, que l'on voit s'approcher, disparaître, serpenter pour se perdre encore, offre une vue réellement enchanteresse.
À 4 lieues de Paris
Guide pittoresque du voyageur en France - Année 1838