■ Le curé d'Herbisse
Peu avant la Bataille d'Arcis-sur-Aube qui se déroula les 20 et 21 mars 1814, Napoléon bivouaqua au presbytère réquisitionné d'Herbisse.
Le presbytère se composait d'une simple pièce à vivre, d'une chambre et d'un fournil.
Pendant que Napoléon s'enfermait dans la chambre pour y travailler à la bataille approchante, maréchaux, généraux et autres officiers de l'État-Major investissent le fournil...
Peu avant la Bataille d'Arcis-sur-Aube qui se déroula les 20 et 21 mars 1814, Napoléon bivouaqua à Herbisse, le presbytère d'Herbisse fut réquisitionné ; il se composait d'une simple pièce, une chambre, et d'un fournil.
Pendant que Napoléon s'enferme dans la chambre pour y travailler à la bataille qui approche, maréchaux, généraux et autres officiers de l'État-Major investissent le fournil.
Le curé d'Herbisse, un brave homme, se retrouva un peu débordé par tant de gens. Pendant qu'il discutait avec le Maréchal Lefèvre à propos de latin, les officiers d'ordonnance se regroupèrent autour de sa nièce, habitant chez lui ; elle se fit joie de leur chanter des cantiques pendant qu'ils lui firent les yeux doux.
La cantine arrivant, on dressa une table, simple porte posée entre deux tonneaux ; on bricola des bancs avec quelques planches et l'assemblée commença un repas qu'elle partagea avec notre bon curé et sa nièce.
À droite de Lefèvre était assis notre curé, certains restèrent debout et d'autres eurent droit au banc, bancal. Deux privilégiés s'étaient assis près de la nièce du prêtre ; une charmante demoiselle bien avenante au regard. Les conversations allèrent bon train et l'on arriva à parler du pays
Il est rapporté de cette soirée que notre brave curé, n'ayant jamais quitté la région, n'ayant jamais vu les cartes de Cassini et n'en soupçonnant pas l'existence, n'arriva pas à comprendre comment ces militaires puissent si bien connaitre les localités environnantes et tant de pays, lui pour qui le monde n'était que champenois.
L'heure du coucher arrivant, tout le monde se coucha sur le foin et l'on offrit la meilleure place au curé ; un lit de camp. Personne ne dit par-contre où coucha la charmante nièce.
Au petit matin, notre brave curé dormait profondément alors que Napoléon était déja en selle ; Mars est plus pointilleux sur les horaires que le Bon Dieu.
Désolé de ne pas avoir pu saluer l'Empereur avant son départ, notre brave curé se lamenta et se culpabilisa sur cet excès de sommeil si cruel.
Comme il en avait toujours usage, l'Empereur avait fait laisser une bourse pour indemniser son séjour et s'était lancé vers ces autres horizons qui le mèneraient bientôt sur une île perdue qui deviendra célèbre.
