■ Conférence agricole
Guiclan, 3 janvier - Le 26 décembre, Nicolas, Louis, propriétaire-cultivateur, en Saint-Thégonnec, était allé à la chasse ; il avait tué un lièvre et le portait à un de ses amis de Guiclan. Sur la route, il rencontra, venant en sens inverse, en voiture, un autre de ses amis, Quéguiner, domestique au service de M. Cloarec, marchand de vins, au bourg.
Arrivé à quelques pas de Nicolas, Quéguiner descendit de voiture, et, par manière de plaisanterie, se mit à commander l'exercice.
- Portez arme !
- Présentez arme !
Nicolas se prêta à ce jeu.
Au commandement En joue ! il'épaula.
Feu ! cria l'autre, et il fit feu oubliant que son arme était chargée.
Quéguiner tomba, atteint en pleine poitrine. Nicolas se précipita au secours de son ami, qui fut transporté au bourg de Guiclan, et l'on appela un médecin. La gendarmerie de Penzé, prévenue, se rendit sur les lieux et Quéguiner, confirmant le récit de Nicolas sur la manière dont l'accident est arrivé, eut encore la force et la générosité d'innocenter son ami.
- C'est ma faute ! disait-il ; je n'aurais pas dû plaisanter, et Nicolas a certainement oublié que son fusil était chargé.
Quéguiner, est maintenant hors de danger. Les plombs l'ont surtout atteint au cou et à la figure.
Nicolas, l'auteur involontaire de l'accident, a été, par ordre de M. Hardoin, juge d'instruction, laissé en liberté provisoire, mais il sera poursuivi pour blessures par imprudence.
Le Courrier du Finistère, samedi 4 janvier 1896
La presse du passé est passionnante !
Regorgeant d'anecdotes ou de faits-divers, parfois croustillante, souvent sordide, parfois amusante, elle nous permet de ressentir la manière de pensée de nos aïeux, de ceux qui ont vécu en cette commune, en ce territoire, de ceux qui l'ont fait vivre et que nous visitons.
La presse passée redonne vie aux simples citoyens, à ces gens qui n'auront jamais nom en livres d'histoire.
Il est plaisant d'y voir l'évolution des importances: en 1900, le commissaire fait une enquête pour un vol de jambon.
La violence est importante: violences ménagères ou non sont courantes, violences villageoises, banditisme ou non aussi ; les comptes se règlent à coups de poings, de bâtons ou autres armes.
Les cuites sont monnaie courante et pas exclusives de certaines régions: nombre de nos aïeux - ayant sans doute très soif, picolent sec !
Un prix spécial devrait être décerné à certains journalistes de cette presse ancienne: les coupures concernant les cuites et amendes en découlant sont parfois d'un humour extraordinaire.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire et acheter la Presse: vous la ferez vivre et imprimerez l'Histoire !