Route 87 - ÎLE DE GROIX - 22km de Lorient - 14km de Port-Louis - bateaux à vapeur 2 fois par semaine
Un bras de mer, nommé Le Coureau, sépare du continent l'Île de Groix - 4462hab - ayant près de 20km de contour et offrant des collines dont la plus haute ne dépasse pas 50m. Cette île s'appelait primitivement Enez ar C'hroek - l'île des sorcières - d'où l'on a conclu qu'elle fût habitée par des druidesses. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'elle a dû être couverte autrefois de monuments druidiques, à en juger par ceux qui se sont conservés jusqu'à nos jours.
Itinéraire Général de France - année 1885
Voici un descriptif de l'île de Groix écrit par François-Nicolas Baudot (1590-1652).
■ L'Îsle de Groais ou Groys
Il y a en Loire, au-dessous de Nantes, une isle dite Belle-Isle, située entre Pérauges et le village de Rohar, dont une partie s'appelle les Groys, et appartient aux Jacobins de Nantes.
À la vue opposite du Port-Louis et à 2 lieues de distance, est l'isle de Groais - Groya insula.
On s'embarque dans le Port-Louis, dont on passe le canal, et longe-t-on le rivage de l'Armor laissé à main droite; et puis, par le petit ou par le grand chenal de pleine mer, a costé du rocher dit l'Errant, vous abordez à un très petit port, au Nord de l'isle, dit le Port-Tudy où les petites chaloupes, capables du port de 20 hommes, peuvent aborder avec la marée.
Du reste, l'isle est importueuse, hormis à l'autre costé opposite ou du Sud, comme nous dirons.
L'île a 4 lieue grande de longueur, et demi-lieue de largeur. Il y a force fontaines et ruisseaux d'eau douce, et deux grands trous ou cavernes, appellées l'un le grand, l'autre le petit Enfer.
Force croisiers, qu'ils appellent bisets, et pigeons sauvages nichent dans les rochers, et force pyrrhocoraces ou chouettes noires - des craves à bec rouge, à bec et pies rouges, qu'en français ils disent être dites cigales. Point de perdrix ; on y en a porté qui n'ont point subsisté.
La terre est labourable et fertile en blé, non en vin. Il y a, par-çi par-là, quelque lande et des arbres, mais rares et battus du côté des vents, comme s'ils estoient tondus exprès. Il y a néanmoins force lauriers.
Il y a force rochers dorés, quasi comme pyrites, et force autres pierres froides, belles comme marbre poli blanc.
Ils se chauffent de chaume, et, pour la plupart, de bouses de vache, qu'ils font sécher, ainsi qu'en Armor et par cette côte, plaquée contre des murailles exposées au soleil. Le feu en est puant. Ils ont peu de bétail.
L'air y est rude, mais fort sain. Les femmes sont fort laides et à grandes tétaces pendantes. Ils se portent bien et vivent 80 ans, hommes et femmes.
Ils parlent breton naturel mais, des hommes qui hantent terre ferme, il y en a qui parlent françois.
Y a quelques gentilhommières, appartenant à des gentilhommes de terre ferme, qui y ont leurs fiefs. Ainsi l'île est à plusieurs seigneurs dont le dominant ou supérieur est le Prince de Guéméné.