Agnières-en-Dévoluy est composé de 10 hameaux, soit : Agnières, chef-lieu, l'Ubac, les Flauds, le Festre, Coutières, la Garcine, l'Adroit, la Chaux, Maubourg, la Combe. Sa superficie est de 3245 hectares pour une population de 418 habitants.
L'ouverture des États Généraux 5 mai 1789
Médecin, chirurgien Le médecin et chirurgien le plus proche est installé à Veynes en la personne du sieur Patras.
Accoucheuse Aucune accoucheuse instruite n'est présente en Dévoluy. Seules quelques femmes pratiquant à l'ancienne méthode et non éduquée aident aux naissances.
Épidémies Les épidémies sont rares et le climat très sain. L'on ne connait pas encore la méthode de Jenner pour luetter contre la petite vérole.
Maisons Toutes les maisons sont couvertes de chaume. Les ardoises sont inexistantes et la tuilerie la plus proche est à plus de 4 lieues. Les bois sont éloignés et difficile d'extraction. L'apport en bois de construction se fait via les Chartreux de Durbon en Saint-Julien-en-Bochaine. Les moines se font prier pour vendre du bois.
Cultures Les terres sont pauvres et ne peuvent porter que seigle, avoine et chaume. Aucune espèce d'arbre fruitier ne prospère en ce territoire. Les habitants consommant plus que la terre leur donne, les homems sont obligés d'aller passer les hivers en Provence ou dans les provinces voisines. La nourriture habituelle est de seigle et la plus grande partie d'avoine. La misère rend les habitants frugaux et d'une grande sobriété. Les années de disette, les grains viennent de Veynes ou de Corps, au dos de somme, par des chemins impraticables. Il y a une foire le 29 août.
Bois Le territoire ne voit aucune espèce de bois, pas même pour l'usage personnel. Les habitants se procurent ce bois à grand frais dans les forêts de la Chartreuse de Durbon qui le vend à un prix exorbitant. Les Chartreux ont, par malice, chassé les habitants de leurs droits et autorité naturelle, attendu qu'autrefois, les habitants de la communauté d'Agnières y avait leurs privilèges.
Terres communes Il y a des terres communes pouvant servir de pâture et qui sont utiles au pâturage des bestiaux.
Rivière Il existe un rivière appelée la Soloise ; elle traverse le territoire. Les habitants avaient construit un pont pour passer d'une rive à l'autre. Il a été emporté.
Arrosage L'arrosage n'est pas en usage dans ce territoire, où l'on ne ramasse le foin qu'au courant d'août. Les torrents font beaucoup de ravages aux quelques fortifications, il serait facile de les prévenir et d'en garantir les fonds; les prairies sont à portée.
Bétail Il y a dans la communauté environ trente-cinq paires de bœufs ou vaches pour le travail, la plus grande partie des habitants n'ayant pas de facultés pour se procurer une paire de bœufs ; il y a autour de dix mulets ou mules, six juments, vingt-cinq bourriques, trois cent vingt bêtes avérage. Les habitants achètent toutes les années, autant qu'ils peuvent, des agneaux d'Arles au printemps; si l'on pouvait leur procurer des brebis de ce canton, ils pourraient peut-être se passer d'aller acheter si loin les agneaux, que des brebis d'une qualité différente à celle qu'ils ont pourraient leur procurer.
Maréchaux et vétérinaires À l'égard des maréchaux ou artistes vétérinaires, ils nous sont inconnus dans toute la ronde, n'ayant pas même un forgeron dans la communauté pour l'utilité des habitants, par rapport à la disette du charbon et du bois.
Commerce, industrie Il n'y a aucun commerce ni industrie, puisque l'été les hommes sont occupés à la culture des terres et que l'hiver ils sont obligés de s'expatrier ; on pourrait y établir une fabrique de filature quelconque qui occuperait les femmes pendant six mois de l'année.
Régime municipal Le chatelain, deux consuls et un secrétaire forment le régime municipal d'Agnières-en-Dévoluy. La détresse des habitants ne permettant pas d'avoir des bestiaux pour manger l'herbage, les habitants sont obligés de louer une partie de leurs montagnes.
Charges locales On estime approximativement à 150 livres les charges locales de fonctionnement. La communauté a été obligée de faire des réparations à la maison presbytérale, qui en exige encore le clocher de notre église, qui a environ vingt toises de hauteur, menace ruine par des lézardes qui règnent aux quatre faces depuis le sommet jusqu'à terre, et le toit de l'église est aussi en mauvais état, que les eaux de pluie ou de neige pénètrent facilement la voûte, de sorte que, sans grands frais considérables, il n'est pas possible de faire ces réparations, tant les matériaux sont hors de portée dans le pays; on ne peut travailler au delà de quatre mois, et la communauté n'est pas à même de remplir ces objets sans le secours qu'il plaira aux Etats de leur accorder, étant fort chargée des impositions tant royales que seigneuriales, payant même plus au seigneur qu'au Roi ou environ. Les comptes ont été rendus toutes les années.
Pauvres Les pauvres n'ont d'autres revenus que la vingt-quatrième, administrée par le curé et les consuls. Il n'y a aucune fondation pour des hôpitaux ni pour l'éducation publique. Le parcellaire et le coursier ont été faits en l'an 1697. Ills sont en très mauvais état et beaucoup de feuillets se sont déchirés ou sont même emportés. Les papiers et titres de la communauté sont entre les mains de divers particuliers; il y a un coffre, fermant à deux clefs, placé dans l'église et destiné pour leur garde, mais ils sont en petit nombre et ceux qui y sont, sont peut-être de peu de conséquence.
Certifiant le présent véritable. À Agnières, ce 1° avril 1789. Signé: J. LAURANS, consul, J. SERRE, consul, J. MELQUIOND, L. SERRE, P. TABOURET, A. DUMAS, E. MELQUIOND, secrétaire commis.